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Kabylie (n.prop.)
1.massifs montagneux du Tell algérien : Grande Kabylie et Petite Kabylie. - Émigration du peuple Kabyle vers la Mitidja et vers la France.
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Kabylie (n.prop.)
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Kabylie (n. pr.)
région et province spécifiée d'un pays[Classe...]
Wikipedia
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Administration | |
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Pays | Algérie |
Gouvernement - wilayas |
région sans unité administrative Béjaïa, Tizi-Ouzou[N 1], Bouira, Boumerdès, Bordj-Bou-Arreridj, Jijel, Sétif[N 2] |
Géographie | |
Superficie | 25 257 km2 |
Démographie | |
Population (2011) | 6 490 776 hab. |
Densité | 256,98 hab./km2 |
Langue(s) | kabyle[1], arabe algérien[2] (bougiote[3], djidjélien, autres variantes), français (usages savants, médias[4]), arabe littéral (école, institutions[5]) |
Autres | |
Fuseau horaire | UTC +1
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Hymne | Kker a mmi-s umaziɣ (Debout fils d'Amazigh)[N 3] |
Devise | « A nerrez wala a neknu » (« Plutôt briser que plier »)[N 4] |
La Kabylie est une région historique et ethnolinguistique située dans le nord de l'Algérie, à l'est d'Alger.
Terre de montagnes densément peuplées, elle est entourée de plaines littorales à l'ouest et à l'est, au nord par la Méditerranée et au sud par les Hauts Plateaux. Dénuée d'existence administrative globale, elle tient son nom des Kabyles, population de culture et de traditions berbères dont elle est le foyer. Son histoire a fait d'elle un pôle de résistance aux conquérants successifs, mais aussi le point d'appui de plusieurs entreprises dynastiques, et l'a conduite dans l'Algérie et l'Afrique du Nord contemporaines au premier plan des mouvements pour la reconnaissance de l'identité amazigh. Son relief essentiellement montagneux est le siège d'un écosystème varié et d'une biodiversité protégée par plusieurs parcs nationaux. Le développement d'une agriculture principalement arboricole étant limité par les conditions naturelles, la Kabylie est aussi, traditionnellement, un important centre de production artisanale et une terre d'émigration.
Ses habitants berbérophones la nomment en kabyle « Tamurt n Leqbayel » (en tifinagh : ), « pays des Kabyles », ou plus simplement « Tamurt », qui signifie « terre natale », « patrie ». Les arabophones l'appellent « بَلَد القبائل » (prononcé [blæd ləqbæyəl] en arabe algérien), littéralement « pays des tribus ».
Sommaire |
En français, « Kabylie » dérive de « Kabyle », que l'étymologie la plus couramment admise fait dériver de l'arabe qabā'il[6], pluriel de qabila (القبيلة), « tribu ». Au sens premier, les Kabyles seraient donc simplement les « gens des tribus ». Dans l'histoire précoloniale de l'Afrique du Nord, la tribu est la forme d'organisation sociale qui s'est maintenue contre ou malgré toutes les tentatives de soumission des États (makhzen) émergents[7]. Les officiers français, successeurs du makhzen turc, se sont d'abord servis du terme pour distinguer moins une ethnie ou une région précises qu'un type d'adversaire particulièrement opiniâtre : le montagnard. Mais le mot fut aussi employé pour désigner de façon plus spécifique les seuls montagnards berbérophones ou encore, en un sens plus général, tous les Berbères sédentaires, voire tous les sédentaires d'Afrique du Nord[8].
Initialement la dénomination « Kabylie », au singulier ou au pluriel, était appliquée à toutes les régions peuplées de Kabyles, à tous les sens de ce terme, et avait donc la même polysémie que lui. Mais elle prit à partir du milieu du XIXe siècle une signification plus précise, pour être progressivement réservée à l'ensemble d'un seul tenant que forment les montagnes telliennes entre Alger et Constantine, autour des massifs du Djurdjura et des Babors[9]. Le mot « Kabyle » se vit à son tour redéfini pour ne plus s'appliquer qu'à la population habitant ou originaire de la région ainsi circonscrite, qui était encore presque entièrement berbérophone[10]. L'espace délimité sur cette double base géographique et humaine recoupe de nombreuses circonscriptions de l'Algérie contemporaine : la totalité des wilayas de Tizi-Ouzou et Béjaïa, une grande partie de celle de Bouira, une part aussi de celles de Boumerdès, Bordj-Bou-Arreridj, Sétif et Jijel, ainsi que des marges de celles de Mila, Constantine et Skikda.
Avec la progression de l'arabisation, l'usage tendit à faire sortir du périmètre d'application du terme les franges les plus arabisées de cette Kabylie « historique ». Chez les Kabyles des années 1950 déjà, le mot Aqbayli, bien que sans traduction territoriale rigoureuse, renvoyait grossièrement à l'espace compris entre Thenia à l'ouest, Sétif et Jijel à l'est[11]. Dans le même sens, les cartes en circulation dans la mouvance régionaliste contemporaine se cantonnent à l'intérieur du cadre des sept wilayas de Béjaïa, Tizi-Ouzou, Boumerdès, Bouira, Bord-Bou-Arreridj, Sétif et Jijel[12]. Dans une acception minimale, la Kabylie est parfois simplement assimilée à sa partie nord-occidentale, la Grande Kabylie, étendue jusqu'à l'ouest de Béjaïa pour englober la majeure partie de l'aire kabylophone actuelle[13].
Composante de l'Atlas tellien située en bordure de la mer Méditerranée, la Kabylie tire son unité physique du relief montagneux qu'évoque son surnom traditionnel de Tamurt idurar, « pays des montagnes ». L'altitude y connaît cependant des variations et des ruptures qui sont le support de plusieurs subdivisions. La principale est celle qui sépare Grande et Petite Kabylies. Correspondant à une limite entre groupes dialectaux[14], elle recoupe dans sa partie méridionale une distinction traditionnelle entre les populations habitant les reliefs les plus élevés, que les anciens Kabyles appelaient Seff Ufella (« ceux d'en-haut »), et celles occupant des reliefs plus bas, qu'ils nommaient Seff Wadda (« ceux d'en-bas »)[15]. Au nord, en revanche, la délimitation des deux sous-ensembles n'a pas de support naturel nettement défini. Elle suit une ligne de partage historique utilisée à diverses reprises : wilayas actuelles, départements d'Alger et de Constantine sous la colonisation française, beylicks de Médéa et de Constantine pendant la période turque[16].
La Grande Kabylie correspond au territoire que les anciens Kabyles nommaient Tamawya taqbaylit (ou Tamawya), soit la « Fédération kabyle ». Elle se distingue par son altitude de la Petite Kabylie, au sud-est, et de la Basse Kabylie, à l'ouest, et s'étend, du nord au sud, de la côte méditerranéenne jusqu'aux crêtes du Djurdjura. Trois ensembles montagneux en occupent la plus grande part :
Le territoire de la Grande Kabylie recouvre aujourd'hui la wilaya de Tizi-Ouzou et une partie de celle de Bouira, incluant les centres de Lakhdaria, Kadiria, Bouira, Haizer, Bechloul et M'Chedallah et délimitée du côté de la wilaya de Béjaïa par Aghbalou et Chorfa. Les expressions de « Haute Kabylie » ou de « Kabylie du Djurdjura » sont souvent employées comme synonymes de « Grande Kabylie », parfois aussi pour désigner plus spécifiquement la partie située au sud du Sebaou[20].
La Petite Kabylie gravite quant à elle autour de Béjaïa, l'antique Saldae, la plus grande ville de Kabylie, surnommée par les Kabyles Bgayet n Lejdud (« Béjaïa des ancêtres »)[21]. Son territoire reprend en partie les contours de l'ancienne province de Bougie, décrite par Ibn Khaldoun. Elle englobe la vallée de la Soummam jusqu'à la côte et se poursuit par la « Corniche kabyle », qui surplombe la Méditerranée entre Béjaïa et Jijel. Plus au nord, elle s'étend sur les versants du Djurdjura oriental et de l'Akfadou (point culminant à 1 623 m). Elle se prolonge vers le sud jusqu'à la chaîne des Bibans et vers l'est par celle des Babors, dont le mont éponyme est le plus haut sommet de la sous-région (2 004 m). Les définitions les plus larges y incluent le massif de Collo, voire les montagnes qui bordent la plaine d'Annaba[22].
En superficie, la Petite Kabylie n'est pas plus « petite » que la Grande, elle est même beaucoup plus étendue si on ne la restreint pas à la wilaya de Béjaïa. Mais elle est morcelée par le relief, au point qu'on préfère souvent y voir plusieurs « Kabylies » : Kabylie de la Soummam (parfois rattachée, au moins pour son versant nord, à la Grande Kabylie), Kabylie des Babors (parfois considérée comme « la » Petite Kabylie stricto sensu), Kabylie de Collo, Kabylie orientale, etc[13],[23].
L'expression de « Basse Kabylie » est fréquemment appliquée à la Petite Kabylie mais sert aussi à désigner une autre partie de la région, celle qui s'étend entre la Mitidja et la basse vallée du Sebaou. Premier sous-ensemble kabyle rencontré en venant d'Alger, c'est un espace de transition entre plaine et montagne[24]. Beaucoup moins étendue que la Haute Kabylie voisine, la Basse Kabylie est aujourd'hui englobée dans les wilayas de Boumerdès et Bouira.
La Kabylie comporte plusieurs zones climatiques. Le littoral et la Kabylie maritime sont de climat méditerranéen. L'hiver y est plutôt doux comparé au reste de la région, avec une température de 15 °C en moyenne. La période estivale, rafraîchie par les vents marins, présente une température moyenne de 35 °C environ[25].
Sur les hauteurs, le climat est beaucoup plus rude, avec parfois des températures négatives et une neige abondante l'hiver et des étés très chauds, très secs, notamment vers le sud où la pluviométrie est moindre. Cependant, dans les parties les plus élevées, la température estivale est modérée par l'altitude. Dans les vallées intérieures, l'hiver est sensiblement identique à celui des hauteurs. Mais en été, du fait de l'enclavement ou de l'exposition aux vents du sud, les températures sont particulièrement élevées : c'est le cas à Tizi-Ouzou, où la température peut atteindre les 46 °C quand elle est de 35 °C à Dellys, comme à Akbou, dans la vallée de la Soummam, couloir de passage du sirocco[26].
Hiver | Printemps | Été | Automne |
---|---|---|---|
Froid, neigeux et pluvieux | Ensoleillé avec des épisodes de pluie fréquents | Très chaud et sec, épisodes orageux | Très pluvieux avec du soleil parfois |
T° entre -5° et 15° | T° entre 20° et 35° | T° entre 30° et 45° | T° entre 15° et 25° |
La Kabylie bénéficie d'une pluviométrie relativement abondante qui a facilité le développement d'une agriculture typique. En Grande Kabylie, les régions intérieures sont plus arrosées en raison de l'ascension et de la décompression des vents humides : ainsi à Larbaâ Nath Irathen, la pluviométrie est de 1 059 mm contre 833 mm à Tizi Ouzou[25].
Une ligne de crête qui traverse la région en joignant l'Atlas blidéen, le Djurdjura, les Babors, le massif de Collo et l'Edough, sépare une zone nord très pluvieuse (plus de 800 mm de précipitations par an) d'une zone sud moins arrosée (de 600 à 800 mm par an). Cette différence de pluviosité aurait eu pour conséquence une végétation naturelle plus ou moins dense : aux versants nord, initialement couverts d'une forêt peu hospitalière, devenus plus tard terres de vergers, s'opposeraient ainsi des versants sud plus facilement et sans doute plus précocement peuplés, car plus immédiatement propices à la culture et à l'élevage. Ce facteur introduit un élément supplémentaire de distinction entre Grande et Petite Kabylies. En effet la première, si l'on en exclut le versant sud du Djurdjura (comme le fait le tracé de l'actuelle wilaya de Tizi-Ouzou), se trouve entièrement en zone de forte pluviosité. Au contraire, en Petite Kabylie les orientations combinées du littoral et du relief ne laissent que peu de profondeur aux versants nord. Elles font plus de place aux zones moins humides, comme le Guergour et le Ferdjioua qui s'étendent entre Babors et Hauts Plateaux[27].
En raison des différences climatiques et topographiques dont elle est le cadre, la Kabylie possède une grande diversité d'espèces dont certaines sont endémiques. La région abrite trois des huit parcs nationaux de l'Algérie septentrionale : le parc national du Djurdjura, le parc national de Gouraya, à l'ouest de Béjaïa, et le parc national de Taza, sur la Corniche kabyle, entre Béjaïa et Jijel[28]. Ces aires protégées ont été classées par l'UNESCO dans les « réserves de biosphère mondiales », zones modèles conciliant conservation de la biodiversité et développement durable[29].
La végétation, principalement méditerranéenne, prend les formes de la forêt et du maquis. Les forêts kabyles sont essentiellement de trois types : la forêt méditerranéenne d'essences à feuilles persistantes, dont les principales espèces sont le chêne vert, le chêne-liège et le houx ; la forêt méditerranéenne d'essences à feuilles caduques, que peuplent l'érable à feuille obtue, l'érable de Montpellier, l'érable champêtre, le merisier et le chêne zéen ; la forêt méditerranéenne d'essences résineuses, où se rencontrent le cèdre de l'Atlas, le pin noir, le pin d'Alep et l’if[28]. Les forêts les plus riches sont celles d'Aït Ouabane et de Tigounatine[28]. S'agissant du chêne-liège, la Kabylie est la région qui en possède les plus grandes forêts sur la rive sud de la Méditerranée[30],[28]. Le parc de Gouraya renferme aussi des euphorbes. Les maquis quant à eux comportent des oliviers sauvages, des figuiers de Barbarie, des tamaris et des arbustes comme le laurier rose[31].
Les massifs kabyles abritent de nombreuses espèces de mammifères sauvages tels que la mangouste, le chacal doré, le serval, la genette, le porc-épic, la belette, le sanglier et le lapin[28]. La forêt de M'Zaris est le seul habitat de la hyène rayée[32]. La Kabylie est aussi un lieu important d'habitat du macaque berbère, espèce menacée en Afrique du Nord[33]. Les sommets de la région sont le gîte de plusieurs espèces de rapaces dont les plus importantes sont l'aigle royal, le vautour fauve, le gypaète barbu, le percnoptère d'Égypte, l'aigle de Bonelli, le faucon crécerelle, la buse féroce, la chouette hulotte et le hibou grand-duc. Certaines, comme l'aigle de Bonelli et la buse féroce, sont menacées[28]. Les hauteurs de Petite Kabylie abritent en outre la sittelle kabyle, espèce endémique découverte en 1975, sur le mont Babor[34].
La région possède aussi une faune et une flore marines importantes[35]. On y trouve des poissons comme le Bothus podas, le poisson volant et le sarran, des mammifères marins comme le dauphin, le cachalot et le marsouin et diverses espèces comme la grande étoile de mer et le corail dont les fonds sont un trésor écologique : à Taza, la communauté de corail est dans un état de santé remarquablement bon et abonde en plusieurs des espèces menacées répertoriées dans le protocole ASP/DB de la convention de Barcelone, ainsi qu’en espèces bio-indicatrices des « eaux non polluées »[36]. Les fonds du parc national de Gouraya figurent aussi parmi les mieux conservés au monde[35]. Par ailleurs le Fonds mondial pour la nature (WWF) travaille à l'instauration d'une « aire maritime protégée » (AMP) qui inclura la Corniche kabyle, déjà classée « aire spécialement protégée d’importance méditerranéenne » (ASPIM) par la convention de Barcelone[36].
Les sept wilayas qui englobent le périmètre Thenia - Sétif - Jijel totalisent une population d'environ six millions de personnes[37] dont, suivant les estimations, de trois à trois millions et demi de kabylophones[38]. Selon le recensement de 2008, la wilaya de Tizi Ouzou compte plus d'1,1 million d'habitants, répartis en 67 communes[39], alors que les 52 communes de la wilaya de Béjaïa rassemblent près d'un million d'habitants[40]. Le reste des populations kabylophones de la région se répartit sur la moitié est de la wilaya de Boumerdès, la moitié nord de la wilaya de Bouira, le nord de la wilaya de Bordj Bou Arreridj, le nord-ouest de la wilaya de Sétif et l'ouest de la wilaya de Jijel.
Municipalité | Population (2008) |
---|---|
Tizi Ouzou | 230 000 |
Bejaia | 177 988 |
Bouira | 75 000 |
La densité démographique est forte pour une région à dominante montagnarde et rurale. Elle atteint jusqu'à 375 hab./km2 dans la wilaya de Tizi Ouzou, où se rencontrent pourtant les altitudes les plus élevées. Le phénomène n'est pas nouveau et il a particulièrement frappé les colonisateurs français. Il est d'autant plus original que la taille des localités dans les plaines est longtemps restée limitée, le village de montagne étant traditionnellement la forme principale d'agglomération[13]. Cependant avec l'occupation française a commencé un exode rural important : la colonisation, la répression et leurs conséquences sur le tissu socioéconomique local ont poussé les montagnards à quitter l'arrière-pays pour les grandes villes de la région (Tizi Ouzou, Béjaïa, etc.).
Ce mouvement a aussi alimenté, dès le début du XXe siècle, les premières vagues d'émigration maghrébine vers la France. Celle-ci a connu une baisse dans les années 1960[42] et, depuis l'indépendance, l'exode rural s'effectue surtout vers les grandes villes d'Algérie, comme Alger ou Oran[42], où on estime le nombre de Kabyles à 2,5 millions (pour un million en France). La persistence de l'exode rural est la principale explication d'un accroissement de la population relativement faible par rapport à l'ensemble du pays, son taux n'étant que de 0,2 % dans la wilaya de Tizi Ouzou et de 0,6 % dans celle de Béjaïa[41].
Les Kabyles contemporains font partie du vaste ensemble des héritiers des premiers Berbères, dont les origines ont donné lieu à une multitude d'hypothèses. Les spécialistes restent partagés entre tenants d'un foyer initial moyen-oriental ou africain ; les estimations de l'époque d'apparition du berbère en Afrique du Nord varient de 8 000 à 2 500 ans avant notre ère[43]. Les données archéologiques et linguistiques disponibles ne permettent pas de trancher mais elles établissent suffisamment l'ancienneté et la continuité de la présence des Berbères dans leur espace actuel pour qu'on puisse les qualifier d'autochtones[44].
La question de l'origine des hautes densités montagnardes kabyles divise encore les historiens. Aux extrêmes s'opposent la thèse d'un peuplement dense très ancien, antérieur à la présence romaine, et celle d'un afflux tardif, consécutif à l'arrivée des Arabes[45]. Toutefois, un relatif consensus se dégage sur plusieurs points. Pour commencer, une distinction semble s'imposer, pour l'ensemble de l'Afrique du Nord, entre un premier peuplement berbère, « paléo-montagnard », caractérisé par la pratique des cultures en terrasses, s'étendant progressivement depuis les Aurès et l'Atlas saharien jusqu'aux Hautes Plaines ; et un second, « néo-montagnard », ignorant la technique des terrasses et propre aux massifs du Tell : c'est à cette seconde vague, plus tardive, que l'on rattache les premières populations de Kabylie[46].
La présence de populations dans l'ensemble de la région, dès l'époque romaine au moins, paraît également attestée, le seul point encore en débat portant sur le peuplement du territoire relativement restreint, mais aussi le plus densément peuplé, que constitue le massif de l'Agawa. Enfin, il est généralement admis que ce peuplement initial s'est trouvé accru, à partir du Xe siècle, de l'apport de populations d'agriculteurs menacés par le processus de pastoralisation des plaines puis, à partir du XIVe siècle surtout, par les prélèvements fiscaux du makhzen[47]. Les traditions locales paraissent corroborer l'hypothèse d'une dualité historique du peuplement kabyle.
Les Kabyles font partie des Berbères (Imazighen). Leur langue, le kabyle (taqbaylit), parlée par la grande majorité de la population[1], est une variété du berbère (tamazight).
Si le territoire de Grande Kabylie compte peu d'habitants de langue maternelle arabe, Basse et Petite Kabylies ont été davantage arabisées. En Basse Kabylie, l'arabisation remonte à la période ottomane. À cette époque, des terrains de la région ont été concédés à quelques familles d'origine turque ou arabe ainsi qu'à la tribu des Iamriwen, constituée d'aventuriers et de proscrits des autres tribus kabyles[49]. En même temps que la garde et l'usage des terres de plaines, ils recevaient de leurs commanditaires un cheval avec la charge de tenir en respect les populations avoisinantes. Leur contrôle s'est étendu jusqu'en Haute Kabylie, sur toute la moyenne vallée du Sebaou ; là, comme dans les basses plaines, le makhzen s'est montré un puissant facteur d'arabisation. Toutefois, on a assisté depuis à une rekabylisation partielle de ces territoires[50].
En Petite Kabylie, le kabyle était encore majoritairement parlé au XIXe siècle jusqu'au-delà de l'Oued el Kebir. Si Jijel et ses environs étaient déjà arabisés, vers l'intérieur il n'y avait pas encore de rupture territoriale entre les parlers kabyle et chaouïa. Aujourd'hui le Guergour est à moitié arabophone et le Ferdjioua, en totalité. À l'est, l'expression de Kabyles el hadra a été créée pour désigner les montagnards arabisés du Nord-Constantinois[51].
En Grande Kabylie et dans la partie de la Petite Kabylie où le kabyle prévaut, il est la langue maternelle et quotidienne de la presque totalité de la population[1]. Là où populations kabylophones et arabophones sont en contact, un bilinguisme kabyle-arabe algérien est pratiqué de part et d'autre[2]. À Béjaïa et à Tizi-Ouzou, où la population urbaine traditionnelle était majoritairement arabophone, l'exode rural qui a suivi l'indépendance a généralisé la diffusion du kabyle[38]. Quant à l'arabe littéral, son emploi est cantonné au système d'enseignement et aux administrations de l'État central[5]. En pratique, c'est plutôt le français qui est employé pour les usages écrits ou savants et, de façon presque exclusive, dans le commerce et la publicité[4].
Pas plus au cours de son histoire qu'aujourd'hui la région n'a connu de frontières fixes et rigoureusement définies, faute d'avoir jamais constitué un État. La forme d'organisation tribale qui s'y est développée est restée caractérisée par le contrôle direct et rigoureux exercé sur des dirigeants désignés et s'est toujours opposée à l'émergence d'un pôle de pouvoir unique et centralisé. Intérieurement divisée, elle a toutefois trouvé son unité vis-à-vis de l'extérieur dans le rôle de refuge qu'elle a tenu pour tous ceux qui, parmi les populations environnantes, ont voulu résister à l'emprise des conquérants successifs ou des États en construction. Selon les circonstances, ses contours se sont réduits aux bastions les plus montagneux, hors d'atteinte de l'ennemi ou d'une autorité centrale parfois reconnue nominalement, mais en pratique ignorée ; ou se sont étendus sur les plaines voisines, dans les périodes de récupération et de reconquête[52].
Dans la wilaya de Sétif, à Aïn El Ahnech, non loin des montagnes kabyles, se trouvent les plus anciens vestiges préhistoriques découverts jusqu'à présent en Afrique du Nord. Ils témoignent de la présence d'Homo habilis dans les environs il y a plus d'1,8 million d'années[53]. La Kabylie elle-même offre plusieurs sites archéologiques, comme la grotte d'Afalou, qui ont révélé l'existence il y a 20 000 ans à 10 000 ans environ, d'un art mobilier (petites statuettes zoomorphes) et de la pratique de l'inhumation[54]. En Kabylie maritime, on a retrouvé (à Sidi Khaled notamment) des traces d'outils, de pierres taillées, de fragments d'objets métalliques et de poteries d'époques plus récentes[55]. C'est à la période néolithique qu'on fait remonter l'apparition des signes et symboles toujours utilisés dans l'artisanat régional, en dépit des évolutions suivies au cours de l'histoire[56].
Pendant l'Antiquité, la région, comme le reste de l'Algérie septentrionale, est en contact avec les principales civilisations du bassin méditerranéen. La période est aussi celle de l'émergence de royaumes berbères qui ont laissé en Kabylie quelques vestiges, comme le mausolée d'Akbou (Taqubbet n Weqbu), d'une hauteur de 13 mètres, dont l'architecture évoque celles, plus imposantes, du Medracen ou du Mausolée royal de Maurétanie[57]. Les Phéniciens, qui s'implantent à partir de 1200 av. J.-C. sur les côtes d'Afrique du Nord, y créent des comptoirs à Béjaïa et à Dellys. Après la fondation de Carthage, l'influence punique s'étend à la façade maritime et assez peu à la région entière, qui se trouve alors dans la mouvance des royaumes de Maurétanie[58].
Les premières interventions des Romains remontent aux guerres puniques ; ils s'allient alors à certains chefs berbères pour contrer la puissance de Carthage[59]. Les royaumes de Maurétanie sont progressivement vassalisés et finalement intégrés comme provinces. Le Djurdjura, appelé par les Romains Mons Ferratus, « la montagne dure comme le fer », voit quatre colonies s'installer à ses pieds, sur les ports de la côte : Igilgili (Jijel), Saldae (Béjaïa), Ruzazus (Azeffoun) et, dans la vallée de la Soummam, Tubusuptu (Tiklat), à une trentaine de kilomètres de Saldae. La domination romaine (25 av. J.-C. - 439 apr. J.-C.) est peu appuyée dans la région et la culture latine et chrétienne reste pour l'essentiel cantonnée aux colonies, comme à Tigzirt où en subsistent les vestiges d'une église du IIe siècle (agrandie en basilique à l'époque byzantine)[60]. Ces colonies voient le développement des schismes religieux, comme le donatisme et l'arianisme, qui traversent la chrétienté d'Afrique du Nord[58].
Les récits des auteurs latins relatent l'alternance de replis défensifs et d'expansions des guerriers montagnards sur les plaines, forçant alors les colons à se réfugier derrière les fortifications des cités[52]. L'occupation romaine soulève à plusieurs reprises de vives résistances qu'incarnent les figures de Tacfarinas et de Firmus. On retrouve des mouvements similaires face aux intrusions ultérieures[59]. Béjaïa et ses environs sont inclus dans l'éphémère royaume (439–533) fondé en Afrique du Nord par les Vandales, qui trouvent un large appui parmi les tribus berbères, alors appelées Maures, contre la puissance romaine. Les Byzantins, sous Justinien, parviennent à reprendre le contrôle d'une partie de l'Afrique du Nord. Cependant les Maures leur sont plus hostiles et la période byzantine est d'une grande instabilité[59].
Les cavaliers arabes qui font la conquête de l'Ifriqiya en 647 apportent avec eux l'islam. L'opposition qu'ils rencontrent dans les montagnes qui entourent Béjaïa leur fait nommer la région el aadua (« l’ennemie »)[61]. Avec le soutien de certaines des tribus maures, ils renversent les Byzantins et leurs alliés. Après des résistances comme celle de Koceila ou de la Kahena, les Berbères se convertissent en nombre à la religion des conquérants, mais rejettent bientôt leur domination politique. En 737, rassemblant l'ensemble des tribus, le Zénète Abou Qurra reprend toute l'Ifriqiya aux Arabes[62].
En Kabylie, la période du VIIIe au XIe siècle telle que nous la décrit Ibn Khaldoun voit se cotoyer, sur un territoire qui s'étend alors de Cherchell à Annaba et de la Méditerranée aux premières montagnes sahariennes, trois groupes de tribus berbères aux dialectes proches et généralement alliés : les Sanhadja (à l'ouest de Dellys), les Kutama (à l'est de Béjaïa) et les Zouaoua (au centre)[52]. Le Maghreb tout entier devient alors le lieu d'affrontement d'entreprises dynastiques dont certaines, comme celles des Fatimides, des Zirides et des Hammadides, vont impliquer une partie ou l'autre de ces populations[52]. C'est ainsi que la dynastie chiite des Fatimides est fondée au Xe siècle en Petite Kabylie par le dai ismaélien Ubayd Allah al-Mahdi, dont les prêches millénaristes ont trouvé un écho favorable auprès des Kutama[63]. Après s'être portés à leur tête, les Fatimides les lancent à la conquête de l'Ifriqiya, puis de l'Égypte où ils fondent Le Caire (Al-Kahira) et la mosquée Al-Azhar, avant d'étendre leur empire du Maghreb jusqu'au Hedjaz et à la Syrie[64].
Après avoir conquis l'Égypte, les Fatimides laissent aux Zirides la charge de défendre le Maghreb contre les tribus zénètes kharidjites. Bologhine ibn Ziri, qui inaugure la dynastie en 973, est un Sanhadja nomade, originaire du Hodna, auquel on doit notamment la fondation d'Alger (El Djazaïr)[65]. Les Fatimides lui concèdent les titres d'émir et de vice-roi de l'Ifriqiya, où la nouvelle dynastie s'installe. En 1014, sa branche hammadide se déclare indépendante et prend le contrôle du Maghreb central. Les Hammadides rénovent Alger et surtout Béjaïa, qui est reliée à la Kalâa des Béni Hammad, dans le Hodna, par une importante route commerciale et royale (encore appelée de nos jours abrid n'soltan, « chemin du sultan »)[66]. Ils y déplacent leur capitale lorsque la pression hilalienne qui, à partir de la fin du XIe siècle, commence à s'exercer sur l'espace berbère, les pousse à abandonner la Kalâa[66].
Capitale du « royaume de Bougie », Béjaïa, qui acquiert alors le surnom de « Perle de l'Afrique », est aussi un foyer de savoir et de culture dont le rayonnement s'étend à l'échelle de la Méditerranée, rivalisant avec Cordoue. C'est à travers elle, par l'intermédiaire du mathématicien italien Fibonacci, venu y étudier, que les chiffres arabes et la notation algébrique sont diffusés en Europe[67]. C'est aussi un centre religieux de premier plan, auquel les nombreux saints personnages qu'il abrite valent d'être surnommé « la petite Mecque ». La tolérance y est réelle, comme en témoigne la correspondance entre le sultan hammadide Al Nacir et le pape Grégoire VII, et les relations commerciales avec l'Europe y sont soutenues[68].
C'est à proximité de la ville que se rencontrent vers 1120 Abdelmoumen, alors jeune étudiant dans la cité, et Ibn Toumert, réformateur religieux qui en a été expulsé, dont il devient le disciple avant de prendre à sa suite la tête du mouvement almohade. Partie de « l'extrême Maghreb » (l'actuel Maroc), la dynastie qu'il fonde renverse au milieu du XIIe siècle les royaumes des Hammadides et des Zirides et rassemble sous une autorité unique le Maghreb et une partie de la péninsule Ibérique[66]. Dans la seconde moitié du XIIIe siècle, l'empire almohade s'effondre à son tour et laisse la place à une tripartition du Maghreb entre Mérinides (Maroc actuel), Zianides (Maghreb central) et Hafsides (Ifriqiya). L'espace de l'actuelle Kabylie se retrouve pris en étau entre le pouvoir des Zianides, installés à Tlemcen et dont les visées s'étendent jusqu'à Dellys, et celui des Hafsides, dont le territoire comprend la ville de Béjaïa.
Pour l'historien Émile-Félix Gautier[61], il a existé entre l'État berbère musulman hammadide puis hafside et les tribus de l'arrière-pays de Béjaïa une relation « harmonieuse » qui montre qu'il n'était pas un corps étranger pour ces tribus, que la ville était « leur propre capitale ». Selon lui, la Kabylie était à la base de la puissance hammadide : « Ikdjane, la Kal’a, Achir, Bougie résument l’histoire des Ketama-Senhadja et montrent la Kabylie dans son articulation essentielle. Les trois premiers points jalonnent sa frontière, le dernier marque le cœur[61]. »
Cependant les royaumes maghrébins, en perpétuel conflit, n'hésitent pas à recourir au renfort de mercenaires européens ou des tribus hilaliennes auparavant cantonnées plus au sud[69]. Les pourtours ouest, sud et est des montagnes kabyles, plus ouverts, sont les plus atteints par ces mouvements. À la fin du XIVe siècle, seule la confédération centrale, celle des Zouaoua, maintient encore son existence. Elle a perdu ses hauts plateaux mais hérite d'une partie des terres de ses anciennes voisines, dont elle accueille les réfugiés. Son territoire s'étend alors d'ouest en est entre les oued Boudouaou et Agrioun et de la Méditerranée jusqu'à une ligne joignant Sidi Aïssa à Sétif[52]. Les royaumes environnants, affaiblis par leurs rivalités et les conflits de succession internes, laissent se constituer dans les villes principales des centres de pouvoir pratiquement autonomes, tandis que les campagnes échappent quasiment à tout contrôle[69].
En 1510, sur la lancée de la Reconquista, les Espagnols s'emparent de Béjaïa. Ils organisent à partir de cette position des razzias dans l'arrière-pays. Les habitants de la région cherchent protection à l'intérieur des terres et prennent pour nouvelle capitale la Kalâa des Aït Abbas, au cœur de la chaîne des Bibans. Le site, ancienne place fortifiée hammadide et étape sur l'abrid n'sultan, est choisi par Abderahmane, prince de Béjaïa, pour des raisons de sécurité. Initialement alliée des Hafsides, la dynastie s'en émancipe. Abdelaziz, petit-fils d'Abderahmane, prend le titre berbère d'amokrane. Sous son règne, la Kalâa gagne en importance : cœur du royaume des Aït Abbas (dit aussi « de la Medjana »), la cité compte à son apogée 70 000 habitants, rivalisant avec Tunis ; elle se dote de fabriques d’armes, en s’aidant du savoir-faire des renégats chrétiens et des Andalous chassés d’Espagne qu’elle accueille en grand nombre[70],[71].
Pour reprendre la ville de Béjaïa, le sultan hafside de Tunis fait appel à des corsaires ottomans, les frères Barberousse[72]. Au printemps 1515, après une première tentative infructueuse, ils parviennent à emporter le vieux fort[73] avec le soutien décisif de combattants venus par voie de terre de la côte de Béjaïa et de Jijel et emmenés par Ahmed Belkadi, prince alors au service des Hafsides[74]. Ils échouent toutefois à déloger les occupants du château neuf et doivent lever le siège[73].
Ahmed Belkadi, venu s'établir chez les Aït Ghobri d'où sa famille est originaire, y fonde le royaume de Koukou[75], qui durera deux siècles[76]. Béjaïa n'est définitivement reprise aux Espagnols qu'en 1555, par la pression combinée du corsaire Salah Raïs Pacha, agissant pour le compte de la régence d'Alger, et des royaumes tribaux[77],[78]. Entretemps les Hafsides ont été évincés de leurs possessions, en Kabylie comme dans tout l'est algérien. Dès la première moitié du XVIe siècle, les Ottomans implantent dans la région plusieurs forts (borj) en vue de la contrôler[52]. Ils s'y heurtent à une résistance qui s'organise en Grande Kabylie autour du royaume de Koukou et de celui des Aït Abbas dans les Bibans et la vallée de la Soummam[79]. En 1520, Ahmed Belkadi, attaqué par Khayr ad-Din Barberousse, le défait dans la plaine des Issers et s’empare d’Alger. Il y règne plusieurs années avant d'être à son tour vaincu par Khayr ad-Din, allié pour la circonstance aux Aït Abbas. Abdelaziz, sultan des Aït Abbas, est tué en 1559 au cours d’une bataille contre les Ottomans qui exposent sa tête une journée entière devant la porte de Bab Azzoun, à Alger, avant de l’enterrer dans une caisse en argent[80].
Le royaume des Aït Abbas se maintient en Petite Kabylie pendant toute la période ottomane. En 1664, le duc de Beaufort, envoyé par Louis XVI, lance une expédition contre Jijel. Après quatre mois d'hostilités avec les tribus locales, les Français abandonnent la ville. Les Aït Abbas gardent comme trophée les pièces d'artillerie en bronze de Louis XVI, dont l'une a été retrouvée à la Kalâa[81],[82]. Le royaume contrôle les défilés des Portes de Fer (appelées par les Kabyles Tiggoura, « les Portes », et Demir kapou par les Turcs), point de passage stratégique sur la route reliant Alger à Constantine. La régence d'Alger doit verser un tribut pour le passage de ses troupes, dignitaires et commerçants. C'est dans l'Algérie d'alors le seul endroit où le pouvoir makhzen paye un tribut à des populations locales insoumises[83]. Le voyageur français Jean André Peyssonnel note en 1725 : « Ces troupes [la milice turque], si redoutables dans tout le royaume, sont obligées de baisser leurs étendards et leurs armes, en passant par un détroit fâcheux appelé la Porte de fer, entre des montagnes escarpées. La nation dite Benia-Beïd [Beni-Abbas], qui habite ces montagnes, les force à la soumission.[...] et ils s'estiment encore heureux d'être en paix avec eux, sans quoi il faudrait aller passer dans le Sahara pour aller d'Alger à Constantine[83]. »
Entre le XVIIe siècle et le XIXe siècle, plusieurs conflits opposent les royaumes kabyles et la régence d'Alger. Les principaux prennent place en 1609 (les Kabyles dévastent la Mitidja et menacent Alger), puis entre 1758 et 1770 (dans toute la Kabylie) et enfin entre 1805 et 1813 (dans la vallée de la Soummam)[70]. En 1823 encore, les Kabyles entrent en révolte et coupent les voies de communication entre Alger et Constantine. Ce n'est qu'après plusieurs mois de combats que le chef militaire de la Régence, l'agha Yahia, parvient à négocier la soumission des tribus et, en 1824, est signé le dernier traité de paix[84].
Globalement les deux royaumes, qui bénéficient d'une certaine reconnaissance internationale (représentations diplomatiques en Espagne, notamment), contribuent à préserver l'autonomie de la région[85]. Vis-à-vis de la Régence, après une période de rivalité exacerbée où alternent phases de paix et de guerre pour le contrôle d'Alger, les relations se stabilisent à l'époque des deys. L'autonomie kabyle fait l'objet d'une reconnaissance tacite qui marque une étape importante dans la constitution de l'identité régionale[52]. À Alger, les commerçants kabyles sont autorisés à tenir leur propre souk. Afin de contrebalancer le pouvoir des janissaires, de nombreux corsaires, miliciens et notables de la Régence sont recrutés localement, y compris parmi les Kabyles, et certains beys, comme Ahmed Bey, le dernier bey de Constantine, ont des origines familiales en Kabylie[83].
À cette époque et probablement depuis celle des Hammadides, il existe dans certains villages une tradition écrite qui est principalement le fait d'une petite minorité de lettrés. La bibliothèque du cheikh El Mouhoub, des Beni Ourtilane, un lettré du XIXe siècle, en est l'exemple le plus connu depuis son exhumation par les chercheurs de l’université de Béjaïa, au milieu des années 1990. Avec plus de 1 000 manuscrits en provenance de lieux et d'époques variés, de l'Andalousie à l’Extrême Orient et du IXe siècle au XIXe siècle[86], elle couvre des domaines divers : astronomie, sciences, médecine, droit coutumier local, savoir religieux (fiqh) et comporte même des manuscrits en tamazight transcrit en caractères arabes[61],[87]. Une partie des manuscrits a été détruite durant la période coloniale, l'autre est étudiée a l'université de Béjaïa[86].
En 1830, les Français se lancent à la conquête de l'Algérie. Au début, l'expédition est dirigée contre Alger. Mais très tôt, les envahisseurs cherchent à occuper l'ensemble du pays, notamment la Kabylie contre laquelle sont dirigées plusieurs expéditions. Les tribus kabyles se mobilisent fortement et combattent sur tous les fronts, d'Alger jusqu'à Constantine. C'est Lalla Fatma N'Soumer, d'une famille maraboutique, qui prend dans la région la tête de la résistance à la conquête[88]. À partir de 1857, la domination française s'étend progressivement sur toute la Kabylie en dépit de soulèvements périodiques qui culminent en 1871 avec la « révolte des Mokrani », où la confrérie de la Rahmaniya joue un grand rôle. La répression se solde par de nombreuses arrestations, des spoliations et des déportations en Nouvelle-Calédonie (c'est l'origine des « Kabyles du Pacifique »)[89]. La colonisation se traduit aussi par une accélération de l'émigration vers d'autres régions du pays et vers l'étranger.
L'administration française, à travers ses « bureaux arabes », procède à l'arabisation des noms de famille et de lieu. C'est ainsi que, par exemple, Iwadiyen devient les Ouadhias, Aït Zmenzer est transformé en Beni Zmenzer ou encore Aït Yahia en Ould Yahia. Après la révolte de 1871, cette action prend le caractère d'une politique systématique de dépersonnalisation[90] : pour casser la cohésion de la société kabyle, l'état civil est généralisé en attribuant des noms arbitraires et différents aux membres d'une même famille. Pourtant, le droit coutumier berbère est globalement maintenu dans la région, alors qu'il est aboli en pays chaoui au profit du droit musulman. Autre traitement particulier : des missionnaires chrétiens y mènent des campagnes d'évangélisation jusque dans les villages les plus reculés[91]. Enfin, l'enseignement du français jusqu'au certificat d'études y est assez courant alors que partout ailleurs, c'est la scholastique coranique, en arabe classique, qui est favorisée.
Ces différences entretenues n'empêchent nullement une présence kabyle massive dans les différentes formes de résistance qui s'organisent face à la colonisation. Nombreux sont les Kabyles à participer à la création, en 1931, de l'association des Oulémas algériens. Plus tard, les membres fondateurs de l'Étoile nord-africaine sont aussi pour moitié originaires de la région[92]. La Kabylie est touchée de plein fouet par les événements du 8 Mai 1945, à Kherrata et dans la région de Sétif, qui font des milliers de morts parmi la population civile[93].
Pendant la guerre d'indépendance algérienne, la Kabylie, alors wilaya III, se trouve au cœur de la résistance au colonialisme français[94]. C'est aussi, avec les Aurès, la région la plus touchée par la répression du fait de l'importance des maquis et de l'implication de ses habitants. Le FLN y recrute plusieurs de ses dirigeants historiques, parmi lesquels Abane Ramdane, Krim Belkacem et Hocine Aït Ahmed, ainsi que des chefs militaires comme le colonel Amirouche Aït Hamouda[95]. C'est également en Kabylie que se tient en 1956 le congrès de la Soummam, le premier du FLN. Au plus fort des combats, les effectifs de l'ALN rassemblent en Kabylie 12 000 hommes qui disposent d'un fond de 500 millions de francs algériens[96].
Bastion de l'ALN, la région est aussi le lieu de certaines des plus marquantes de ses victoires, comme la bataille de Bouzegza[97]. Les tentatives d'infiltration menées par l'armée française sont souvent tenues en échec, voire parfois retournées contre elle comme dans le cas de la « Force K » de 1956, officiellement commando armé par l'armée française pour combattre le FLN et en réalité cellule de collecte d'armes et d'espionnage pour le compte de la wilaya III[98]. Deux années plus tard, les services spéciaux français ripostent en lançant dans le maquis kabyle la fameuse « bleuite », vaste opération d'intoxication qui provoque des purges dévastatrices dans les rangs de la wilaya III, sous les ordres du colonel Amirouche.
Cependant la mobilisation de la région résiste à la répression des populations civiles (destruction des ressources agricoles, pillage, fouille et destruction de villages, déplacement de populations, création de zones interdites, etc.)[99] comme à l'ampleur des moyens militaires déployés, notamment en 1959 lors de l'opération « Jumelles », dans le cadre du plan Challe[100]. Après la mort d'Amirouche le 29 mars 1959 et sous l'impulsion de son successeur Mohand Oulhadj, la wilaya III se réorganise en éclatant ses grosses unités en formations plus petites et en rapatriant les moussblines (agents de liaison avec la population) dans les maquis. Après le plan Challe, les femmes prennent petit à petit un rôle accru : non soupçonnées par l'armée française, ce sont elles qui de plus en plus souvent assurent le renseignement et le rôle de police dans les villages[101]. En 1961, l'ALN parvient à occuper plusieurs postes militaires français[102].
La Kabylie s'est opposée à plusieurs reprises au régime d'Alger. Dès 1963, le FFS (Front des forces socialistes) emmené par Hocine Aït Ahmed et Yaha Abdelhafid conteste l'autorité du parti unique. Entre 1963 et 1965, l'ANP (Armée nationale populaire), prenant sur le terrain la suite des troupes françaises, mène une répression qui fait plus de quatre cents morts dans la région[103]. En 1980, la Kabylie et les universités algéroises connaissent plusieurs mois de manifestations réclamant l'officialisation de la langue berbère : c'est le « Printemps berbère ». Accompagné en 1989 de la création d'un nouveau parti, le RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie) de Saïd Sadi, le réveil culturel s'intensifie en réaction au durcissement de l'arabisation que connaît l'Algérie dans les années 1990[104]. En 1994-1995, l'année scolaire fait l'objet d'un boycott appelé « grève du cartable[105] ».
En juin et juillet 1998, la région s'embrase à nouveau après l'assassinat du chanteur Lounès Matoub et à l'occasion de l'entrée en vigueur d'une loi généralisant l'usage de la langue arabe dans tous les domaines[106],[107]. En avril 2001, un jeune lycéen est tué dans une gendarmerie ; il s'ensuit de graves émeutes qui accentuent la rupture avec les autorités : c'est le « Printemps noir », au cours duquel l'intervention des services de l'État fait 123 morts et deux milliers de blessés, dont certains mutilés à vie[108],[109]. La révolte amène le gouvernement à négocier avec le Mouvement citoyen des Aarchs, mobilisé autour de la plateforme d'El Kseur. Ses revendications, qui portent avant tout sur des mesures sociales et se veulent un remède au « mal algérien » dans sa globalité (justice sociale, économie, etc.), sont jugées par le gouvernement régionalistes et menaçantes pour l'union et la cohésion du pays[110]. Toutefois, en 2002, le tamazight est reconnu en tant que langue nationale[111].
Alors que le FFS et le RCD, fortement implantés dans la région, se donnent toute l'Algérie pour cadre de leur action, une revendication autonomiste, qui restait jusque-là le fait de quelques individualités, est aujourd'hui portée par le Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) que dirige Ferhat Mehenni. D'autres encore, comme le Mouvement citoyen des Aarchs, demandent une reconnaissance réelle de l'identité berbère comme élément constitutif de la pluralité culturelle dont bénéficie l'Algérie.
Jusque vers 1900, la base de l'économie régionale reste une arboriculture de montagne dont l'olivier et le figuier constituent les deux piliers[112]. Les productions céréalières sont l'apanage des quelques propriétaires de terres de fond de vallées mais, après la révolte de 1871, celles-ci sont confisquées au profit des colons. Quant à l'élevage, principalement caprin, quelquefois ovin ou bovin, il est limité par l'exiguïté des sols disponibles pour les pâturages[112].
Avant la conquête française, l'une des principales sources de revenus extra-agricoles est constituée par l'artisanat et en particulier la fabrication des armes, le travail du bois et le tissage. La perte de l'indépendance entraîne la fermeture des fabriques d'armes et la confiscation des forêts[112]. Le tissage se maintient jusqu'à nos jours grâce à la demande persistante de burnous et de couvertures de laine mais a largement perdu de son importance économique. Beaucoup d'activités artisanales ont disparu et celles qui subsistent, comme la bijouterie, apparaissent comme très menacées[112].
L'émigration est l'autre importante source de revenus complémentaires de la Kabylie précoloniale. Elle s'étend alors à toute l'Algérie et à une partie de la Tunisie, tout en conservant très généralement un caractère temporaire. À la suite de la colonisation, qui en élargit le champ à la métropole française, elle devient un phénomène massif. En 1948 une famille kabyle moyenne produit avec ses terres 142 425 quintaux de fruits divers, 7 743 quintaux de légumes et 8 555 quintaux de céréales pour un revenu annuel de 50 000 francs[113]. L'émigration rapporte en moyenne par immigré un revenu annuel de 100 000 francs à la famille restée au village et constitue souvent un complément de revenu indispensable[114]. Aujourd'hui, les trois quarts environ de la population active masculine de Kabylie vivent en dehors de la région[115]. La Kabylie étant souvent délaissée par les politiques publiques d'investissement, elle est touchée par un fort taux de chômage (26,5 %)[116]. En Algérie, le revenu moyen actuel se situe autour de 24 791 dinars auxquels il faut ajouter des revenus informels issus notamment de l'artisanat et l'agriculture[117].
La Kabylie abrite un certain nombre d'industries agroalimentaires dont une multitude de producteurs de produits laitiers et de glaces, mais aussi les usines de grands groupes comme Cevital et le siège de Ifri. L'agriculture de montagnes laisse peu à peu la place à une industrie manufacturière locale (électroménager avec la société Sonalec) qui vise plutôt les Hauts Plateaux pour son développement. Le port de Béjaïa est le deuxième port algérien en termes de volume d'activité, derrière celui d'Alger. En exportant une partie de la production locale, il assure un revenu supplémentaire à la région. Il a été intégré au projet européen des autoroutes de la mer (ADM) aux côtés de villes comme Marseille ou Le Caire[118].
Par ailleurs, la Kabylie fournit une grande partie de l'eau potable aux régions fortement urbanisées qui la bordent à l'est et à l'ouest[119]. Enfin, l'aide apportée par la diaspora kabyle, notamment sous la forme d'apports de devises et d'actions de solidarité d'associations, constitue un facteur de dynamisme pour la région. Elle favorise le développement des infrastructures (route, transport, bibliothèques) pour lesquelles l'action de l'État est insuffisante. Toutefois, les fonds ainsi apportés, gérés par les assemblées de village (les tajmaat), accentuent l'autonomie des villages kabyles[120].
Le développement du tourisme permet aussi d'entrevoir un avenir dans cette activité pour laquelle la région, parfois surnommée la « petite Suisse[121] », bénéficie de solides atouts. Lors des dernières assises nationales du secteur, de nombreux projets, souvent colossaux, ont été abordés. Dans la wilaya de Béjaïa, le groupe Cevital vient d'obtenir une assiette foncière de 26 hectares à l'intérieur de la zone d’expansion touristique (ZET) d’Agrioun, à Souk El Ténine (une station balnéaire située à une trentaine de kilomètres à l’est du chef-lieu de wilaya) pour l’implantation d’un complexe touristique moderne[122].
Les populations de Kabylie ont toujours entretenu avec leur environnement montagneux des rapports spécifiques, qui se traduisent par un savoir-faire local agricole, un art de vivre et des rites dont la transmission de nos jours est remise en cause par l'exode rural[123]. Deux arbres sont emblématiques de la région tant au niveau économique que culturel : l'olivier et le figuier. L'olivier est surtout cultivé pour la production d'huile d'olive (zzit uzemmur) dont celle de Kabylie est réputée pour être une des meilleures du bassin méditerranéen[124]. Il existe ainsi différentes variétés d'huile d'olive comme celle de Tablazt médaillée à l'exposition universelle de Bruxelles en 1910, celle d'Illoula de couleur verte jade ou encore celle rose et orangée de Seddouk[124]. De nos jours, l'olivier constitue encore une source de revenus importante pour beaucoup de familles en hiver, le figuier prenant le relais l'été. Son huile était très utilisée dans la médecine traditionnelle, alimentait les lampes à huile et constituait un ingrédient important dans la confection de savon noir (avec la cendre de laurier rose) ou d'autres produit de beauté comme le tazoult[125],[126]. La cueillette des olives constitue pour beaucoup de villages kabyles un rite et un moment de fête avec notamment sa tradition de solidarité appelée tiwizi[124]. Dans la plupart des villages, ces différentes coutumes prennent la forme d'une véritable fête de l'olivier[127]. Le bois de l'olivier sert aussi comme bois de chauffe pour surmonter les hivers rigoureux et enneigés tandis que le feuillage et les fruits de mauvaise qualité (tout comme celui des autres cultures) servent d'alimentation au bétail. Le figuier se décline en plusieurs variétés locales ; son fruit, la figue, se consomme fraîche ou sous une forme séchée appelée tazart. Tous deux se consomment avec de l'huile d'olive. La figue de barbarie est également présente en Kabylie[128].
Mis à part ces deux arbres emblématiques de la Kabylie, les cultures céréalières ont une grande importance comme celle du blé et de l'orge qui occupent une grande place dans la gastronomie locale notamment pour le couscous et une variante locale spécifique[129] qui est le seksou s'timzin, un couscous d'orge préparé à l'occasion de festivités. Le blé et l'orge sont moulus dans des tassirt qui sont des meules domestiques afin d'en dégager la semoule et la farine nécessaire.
Les cultures maraichères ne sont pas en reste profitant de la pluviométrie et des abondantes ressources en eau de la région les Kabyles ont mis en place dans pratiquement chaque village des vergers de montagnes. On y cultive la grenade, le raisin, l'amande et dans la vallée de la Soummam l'orange et le citron. Il subsiste encore un savoir-faire pour la confection des colliers en perles de lait d'amandes appelés azrar n skhav[130]. La cuisine locale variée permet de valoriser les produits locaux comme le zeste de citron et l'eau de fleur d'oranger utilisés en pâtisserie.
La population pratique aussi la cueillette de divers plantes aromatiques comme le laurier-rose qui pousse dans le lit des rivières et qui évoque dans la poésie kabyle l'amertume[131].
La région est aussi, au niveau de l'Afrique du Nord, un centre majeur pour l'élevage et la production laitière. L'emploi des feuilles de figuier et des brindilles d'olivier pour l'alimentation des troupeaux permet de préserver les ressources fourragères[132]. Pour chacune de ces pratiques agricoles correspond une saison de l'année, le calendrier amazigh est d'ailleurs un calendrier agricole avec la fête de Yennayer ou « nouvel an berbère », le 12 janvier, pour marquer le début de la nouvelle saison agricole[133].
La Kabylie est une région montagneuse ce qui a participé a son enclavement. En matière de transport la région est reliée aux grandes villes d'Europe, d'Afrique et d'Asie par l'Aéroport de Béjaïa - Soummam - Abane Ramdane, l'Aéroport d'Alger - Houari Boumediene et l'Aéroport de Sétif - 08 Mai 1945. Elle bénéficie aussi dans sa partie sud du passage de l'Autoroute Est-Ouest qui passe notamment par Bouira et à l'ouest par Boumerdès[134]. Le plus grand viaduc d'Afrique nécessaire au passage de l'Autoroute Est-Ouest se trouve d'ailleurs dans la région de Bouira[135]. Des travaux sont prévus en 2011 pour la réalisation de pénétrantes autoroutières sont prévues pour relier les villes de Tizi Ouzou et Béjaïa à l'Autoroute Est-Ouest[136],[137]. Le réseau secondaire connait plusieurs projet de voies rapides, de réfection et de dédoublement des routes de montagnes, c'est le cas par exemple pour la rocade sud de la ville de Tizi Ouzou.
Sur le plan ferroviaire la région a bénéficié de la modernisation du matériel roulant avec la mise en service du nouvel autorail sur la ligne Béjaïa-Alger en 2009[138] et de nouvelles rames pour les trains de banlieue qui desservent Boumerdès et Thenia[139]. De plus la ligne Tizi Ouzou-Alger a été rouverte à l'exploitation en juillet 2010 après une interruption pour raison sécuritaire depuis les années 1990[139].
À l'avenir, il existe un projet d'aménagement du port de Djendjen dans la région de Jijel qui consistera à en faire un hub portuaire de niveau mondial, d'ailleurs la voie rapide qui le relira à Setif est en travaux et l'éventualité d'une liaison ferroviaire à grande vitesse est à l'étude[140].
Les équipements de base pour les villages comme les routes secondaires, les écoles, les bibliothèques, les rénovations des puits, l'entretien des moyens d'irrigation et les mosquées ont souvent été financés avec l'apport de revenus de l'immigration kabyle. Les immigrés reconstituaient dans les pays d'accueil les assemblées de village (les tajmaat) pour décider des projets d'équipements pouvant bénéficier à la population. Cette dynamique encore présente à l'heure actuelle explique le fait que les villages kabyles ont su résister dans une moindre mesure à l'émigration massive de leur population, quelques-uns renouant même avec un certain dynamisme[141].
Historiquement, l'artisanat kabyle a joué un grand rôle économique et social. En effet, dans un pays montagneux qui n'offrait à l'expansion de l'agriculture que des possibilités limitées, c'était souvent pour la population un complément de ressource indispensable. Pour compléter les ressources d’une terre pauvre, les Kabyles ont perpétué un artisanat ancestral, expression d’un « peuple artiste »[142]. Chaque région ou tribu ayant sa spécialité, l'artisanat eut un rôle d'échange important entre les Kabyles tant au niveau culturel qu'économique. Les villages ayant chacun leur jour de marché c'était l'occasion pour les artisans locaux d'exposer leurs créations[143]. De nos jours les marchés traditionnels ont fait place aux fêtes de différentes localités qui sont des centres importants de production artisanale comme la fête de la poterie de Maatkas[144] ou la fête du bijou des Aït Yenni[145]. Cependant, comme dans le reste de l'Afrique du Nord et à la suite du déclin de la société traditionnelle dont il était l'expression, l'artisanat est aujourd'hui menacé. L'artisanat en Kabylie se compose essentiellement de l'orfèvrerie, la poterie, le tissage, le travail du bois, la broderie et la vannerie. La broderie, pratiquée exclusivement par des femmes, et en particulier celle des habits traditionnels, fait vivre encore de nos jours un nombre important de familles notamment à l'occasion des fêtes comme les mariages.
Les bijoux de Kabylie sont très connus au Maghreb pour leurs couleurs vives et leur raffinement. Constitués d'argent, ils sont ornés de coraux récoltés en Méditerranée ou parfois d'émaux[146]. Typiquement berbère, au fil de l'histoire l'art des bijoux kabyles s'est aussi enrichi des apports des Andalous qui ont fui l'Espagne lors de la Reconquista. Il y a plusieurs sortes de bijoux qui correspondent à des usages particuliers : broches de front ou de poitrine (tavrucht) et fibules (tabzimt), qui retenaient les robes en divers points, ceintures (tahzamt), colliers (azrar), bracelets (azevg), bagues (tikhutam) et boucles d'oreilles (talukin). Les orfèvres kabyles les plus illustres sont les Aït-Yenni de Grande Kabylie. Il existe de plus en Petite Kabylie un type de bijou forgé semblable à ceux des Aurès[147].
La poterie kabyle appelée localement ideqqi possède un ancrage africain ainsi que des relations très anciennes avec l'art méditerranéen dont elle s'est enrichie (formes arrondies et moulées, décors peints). Les objets créés s'illustrent par la pureté des formes, la simplicité, la spontanéité de leur décor mais aussi par la complexité des motifs et des techniques employés[148]. C'est actuellement un patrimoine menacé. Alors que la fabrication des tuiles est effectuée par les hommes, l'essentiel de la poterie à usage domestique est un travail réservé aux femmes. Elle est faite d'argile de différentes couleurs selon les gisements. Les signes, les symboles et les divers motifs utilisés pour la décoration remonteraient au Néolithique[148]. La coloration se fait à base de kaolin ou d'oxyde ferro-manganique, ce qui permet d'obtenir des teintes vives[149]. La poterie a une utilité pratique mais aussi religieuse, les familles s'en servent pour orner les mosquées et les mausolées des saints soufis et des marabouts avec le mesbah un chandelier utilisé aussi lors de festivités. La poterie tient aussi un rôle important dans les fêtes, notamment pour la cérémonie du henné, mais aussi dans le quotidien comme les jouets pour enfants qui sont des figurines représentant des animaux[148].
Le tissage sert à réaliser une multitude d'objets qui ont une grande importance sociale, comme ibidhiyen, les burnous[150]. Ces ouvrages utilisent pour matière première la laine du mouton ou du dromadaire pour les plus importants. L'activité, actuellement menacée par le manque de transmission du savoir-faire, se maintient dans la production de divers objets comme les tapis, les burnous, les couvertures, les takchabit ou les takendourt. À l'image du reste de l'artisanat kabyle, le tissage emploie une variété importante de couleurs et de motifs géométriques[151].
Les tapis de Kabylie sont faits de laine et confectionnés par les femmes. Ils sont destinés à un usage domestique, sur le sol ou les murs, ou religieux, pour la prière. Bien que menacé, l'art du tapis se conserve dans quelques villages de Grande Kabylie. Il existe même des fêtes du tapis, comme celle des Aït Hichem, où sont exposées des productions de toute l'Algérie[152].
Les motifs présents sur les tapis remontent eux aussi à des temps très anciens, au Paléolithique. On note par ailleurs une très forte ressemblance entre les productions de Kabylie et de la vallée du Mzab, autre région berbérophone. D'une manière générale, le tapis amazigh est très coloré et constitue un objet de décoration très demandé[151].
Le travail du bois (takhdimt n'wasghar) est employé dans la fabrication d'objets tels que les coffres (sendouk), les portes (tigourra), les tables et, de façon marginale les armes. Les essences utilisées sont diverses et vont du pin d'Alep au chêne liège en passant par le cèdre. Les ouvrages sont souvent ornés de motifs géométriques (pointes, rosaces...). Actuellement ce savoir-faire se perd au profit de la réalisation de petits coffrets et d'objets souvenirs[153].
Le sendouk est le meuble caractéristique de la région kabyle la moins pénétrée, celle située à l'est de la Soummam, chez les Aït Abbas, les Aït Ourtilane et le Guergour[153]. Cette région au sud de la Petite Kabylie est historiquement connue pour ses réalisations en bois sculpté. Cependant c'est Djemâa Saharidj en grande Kabylie qui est spécialisé dans la confection de petits objets en bois comme les ustensiles de cuisine, par exemple les cuillères et les tabaqit (une sorte de djefna) [154].
Taddart, le village kabyle, est généralement placé sur une crête (tawrirt) ou un plateau élevé (agwni), emplacement dont souvent son nom rend compte (exemple : Tawrirt Mimoun). Les maisons sont étroitement regroupées de façon à ce que l'ensemble vu de l'extérieur forme un bloc unique. Le village kabyle est composé d’un ensemble de ruelles et de maisons, d'une fontaine, d’une mosquée et de tajmaat, un lieu de rassemblement du village. Cette répartition dense est sensiblement identique à celle des casbahs[155].
En élévation, les maisons paraîtront se chevaucher, chaque pignon dépassant le pignon voisin en montant vers le sommet. Pressées les unes à la suite des autres au long des lignes du relief, elles forment de véritables agglomérations descendant rarement en dessous de cinq cents habitants[155].
Ce type de village répondait aussi à des préoccupations défensives, avant l'apparition de l'artillerie[155]. Progressivement à partir du XXe siècle et surtout de la guerre d'Algérie, face au déclin de l'agriculture locale et à l'exode rural, il sera sérieusement concurrencée par les villes qui offrent toutes les commodités[156]. De plus les villages kabyles sont sérieusement menacée dans leur architecture par l'introduction du béton[157].
La maison kabyle, dite axxam, est une construction traditionnelle de montagne, plus ou moins décorée et ornée selon l'importance sociale et la richesse du propriétaire, de sa famille ou de sa tribu[158]. Il y a deux grands types de maison, à tuile et à terrasse, certaines constructions mêlant les deux structures. Les fondations sont des tranchées comblées avec de grosses pierres (adrar) et du mortier d'argile. Pour les murs, deux techniques sont principalement employées, le mur de pisé avec un coffrage en bois (tabbadit) et le mur de pierre (taghaladt). La charpente est faite de poutres (isulas), la poutre centrale (asulas alemmas) étant souvent la plus importante. Les poutres reposent sur les murs et parfois sur des piliers de bois (tikjda). La toiture est faite de roseaux (ighunam) ou de branches d'olivier (tachita n tazemmurt) et de tuiles d'argile (karmoud)[159]. Les maisons sont souvent regroupées autour d'une cour centrale appelée oufrag. La maison traditionnelle en Kabylie comme toute architecture vernaculaire est le résultat d’une adaptation de l’homme aux conditions climatiques et sociales, à la disponibilité des matériaux de construction et à la connaissance de leurs techniques. En effet la maison kabyle est le résultat de la combinaison de trois systèmes à savoir l’économique, le social et le culturel. Économique par son mode de répartition et de fonctionnement de ses trois espaces, à savoir addaynin pour le bétail donc l’élevage et takanna pour les provisions, mais en plus takaat dans lequel est disposé le métier à tisser[155].
Le travail intérieur concernant le sol et les murs revient aux femmes. Les murs sont crépis à l’aide d’un enduit composé d’argile schisteuse passée au tamis, à laquelle on ajoute de la bouse de vache et de la paille fine pour éviter les fissures. Il y a un savoir-faire de fresques murales, dont les symboles variés ont des significations multiples. La décoration extérieure concerne les portes, sur les battants desquelles le menuisier incise des motifs au moyen d’une pointe de fer. Ces motifs faits de lignes droites, de points, de petits cercles, de rosaces et de croix forment des compositions d’ensemble[160].
La région possède un patrimoine varié. Si les traces de l'Histoire de la région ne manquent pas il intéressant de noter que la Kabylie possède aussi un patrimoine humain encore vivant. C'est le cas notamment des salines ancestrales de la région appelées tamellaht, situées notamment en Petite Kabylie[161]. Les salines sont constituées de bassin d'argiles de couleur ocre dans lesquels l'eau, d'une source naturellement salée, s'évapore lentement[161]. Il faut souligner aussi l'important patrimoine religieux de la région, riche en mausolées désignés souvent par le terme de Taqubet qui signifie littéralement le tombeau. D'architecture assez simple le mausolée se veut un endroit de mystique et de mémoire. D'ailleurs ils sont toujours visité par un grand nombre de « pèlerins »[162]. Un des plus connus et des plus orné est celui de Cheikh Amokrane à Aït Zelal. Le musicien Cheikh El Hasnaoui lui consacra d'ailleurs une chanson[163]. Le cheikh Aheddad héros de la révolte de 1871 contre l'occupation française possède aussi son mausolée dans son village de Seddouk[164]. Citons aussi parmi les plus célèbre celui de Yemma Gouraya et de Cheikh Mohand Lhocine[162].
La Kabylie possède aussi un réseau dense de zaouïas. Les zaouïas ont joué le rôle de « Mecque des Kabyles »[165], en plus de dispenser un savoir religieux, elles enseignaient aussi les règles sociales du pays. Cependant elles ont connues au cours du XXe siècle un net déclin de leur influence[165]. Les élèves des zaouïas kabyles venaient de toutes l'Algérie, même des grandes villes et du Sahara[165]. Parmi les plus connues on peut citer celles de Sidi Saïd à Akbou, celle de Sidi Mansour El Djennadi, fondée en 1635 à Fréha, de Sidi Mhand Oumalek, de Tassaft[166] ... Pour la seule wilaya de Tizi Ouzou on compte encore 21 zaouïas en activités où opèrent 500 talebs. Il faut aussi souligner que les Zaouias en Kabylie possèdent un important patrimoine mobilier, architectural et foncier agricole[166].
La Kabylie possède aussi des mosquées aux styles variés allant des pierres massives Jamaa El Kevir d'Azeffoun aux mosaïques mauresques de Jamaa Sidi Soufi à Béjaïa. Jamaa El Kevir dans le vieux Azeffoun est sans doute une des mosquée les plus pittoresque du Maghreb, entourée par des vestiges phéniciens et romains, c'est elle même une ancienne tour de garde romaine (minaret actuel) construite par l'empereur Auguste, avec dans la salle de prière deux colonnes romaines qui supportent le toit[157]. Certaines comme la mosquée de la Casbah de Béjaïa, en attente d'un programme de restauration, ont même accueillis les cours de Ibn Khaldoun[167]. La ville de Béjaia possède aussi son ancienne synagogue, trace d'une présence juive citadine[168], avec son dôme multicolore[169].
Il faut souligner aussi l'important patrimoine antique de la région. Les berbères ont laissé nombre de vestiges comme le mausolée d'Akbou, ou les stèles lybiques révélant l'usage de l'écriture tifinagh[170]. La Kabylie qui a abrité des colonies romaines possède des vestiges, comme ceux de Tigzirt, Djemila ou Azeffoun. Les ruines de Djemila sont classée au patrimoine mondiale de l'UNESCO (critères iii et iv) et sont remarquablement bien conservés. Ainsi sur place ont été retrouvés beaucoup des mosaïques, mais aussi de bâtiments encore debout et dans un bon état de conservation[171] Un autre site de la région classé au patrimoine mondial de l'UNESCO est la Kalâa des Béni Hammad, l'ancienne capitale Hammadide, classée selon le critère (iii)[172].
Tirant parti du relief de la région, la forme de structure défensive la plus ancienne et la plus répandue est l'organisation des villages kabyles et leur situation sur des points stratégiques[155]. Cependant au Moyen Age, les dynasties locales comme les Hammadides face à la nécessité de structurer leur État vont doter leurs capitales successives de citadelles et de murailles, comme en témoignent la Kalâa et Béjaïa. La casbah de Béjaïa bâtie en 1067[66], est un site situé en plein cœur historique de la ville. Le site s'étend sur 160 mètres du nord au sud et fait 20 000 m2 de surface avec un mur d'enceinte de 13 mètres de hauteur[167]. Béjaïa conserve également une partie des anciennes murailles de la ville d'époque Hammadide notamment Bab el Bahr, la Porte de la Mer, qui servait à l'époque d'arc de triomphe[167],[173].
Plus tard les Espagnols lors de la prise de Béjaïa, entre 1510 et 1555, laisseront des édifices comme le Borj Moussa en plein cœur de la ville, construit à partir d'un palais hammadide il garde encore son aspect massif et ses meurtrières. Aujourd'hui c'est devenu un musée d'antiquités[167]. Le Borj de Yemma Gouraya, perché à 670 mètres d'altitude surplombe le golfe et la ville de Béjaïa, bâti lui aussi par les Espagnols autour d'un ancien poste d'observation[167]. C'est aussi antérieurement le lieux du tombeau de la sainte patronne de la ville Yemma Gouraya. Il reste jusqu'à aujourd'hui un lieu de pèlerinage pour les populations locales qui continuent l'ascension de la montagne pour visiter les lieux[167].
Il faut aussi mettre en avant la Kalâa des Aït Abbas, bâtie en 1510 en plein cœur de la chaine des Bibans. C'est l'ancienne capitale fortifiée du Royaume des Aït Abbas. Elle reprend l'architecture des villages kabyles en beaucoup plus grand et en lui ajoutant des fortifications, des pièces d'artillerie, des casernes, des postes de guet, des armureries et des écuries pour les unités de cavalerie[174]. Cependant une grande partie de ces structures ont été bombardées durant la guerre d'Algérie et sont donc dans un état délabré en attendant une restauration. Mais le site garde des joyaux architecturaux comme sa mosquée d'architecture berbèro-andalouse[162].
La Grande Kabylie renferme aussi de nombreux forts comme les Borj Boghni et le Borj Tizi Ouzou qui ont été édifié dès le XVIe siècle par la Régence d'Alger pour tenter de contrôler la région, l'encercler et faire rentrer l'impôt. D'architecture simple ils seront souvent enlevés par les tribus locales qui souhaitaient garder leur autonomie[175]. Le Borj Mokrani à Bordj Bou Arreridj bâti par les Turcs sous Hassan Pacha sera pris par les Mokranis à plusieurs reprises lors du XIIIe siècle ce qui lui vaut son nom actuel[176]. Les français à leur arrivée dans la région remanieront pour leur besoin certaines structures militaires comme le Borj de Yemma Gouraya à Béjaïa dont on doit l'architecture actuelle aux militaires français[177].
La culture kabyle appartient à l'ensemble culturel berbère, comme celles des Chaouis, des Touaregs, des Chenouis, des Mozabites, ainsi que des autres berbérophones d'Afrique du Nord. De par l'histoire et la proximité, elle a considérablement influencé la culture urbaine des villes d'Algérie, comme Alger ou Constantine[178]. Mais la culture kabyle est par nature variée et diverse. Mouloud Mammeri disait
« Chaque village est un monde. Un sol bourré de valeurs, de traditions, de saint lieux, [...] d’honneur ombrageux, de folles légendes et de dures réalités[179]. »
La cuisine kabyle emploi comme céréale de base le blé ou l’orge[180]. D'ailleurs le mot seksu selon l'étymologie kabyle a le sens de bien roulé,arrondi (imkeskes), le couscous se définit donc à la base un plat de semoule roulé [181]. Le couscous d’orge (seksou s'timzin) à la viande et avec une sauce de légume ou encore le amakfoul, le couscous printanier aux légumes, ( petits pois, aux fèves, aux carottes) sont des spécialités de la région. Le couscous peut aussi se servir avec du lait caillé (ighi). Les figues séchées tazart sont consommées en accompagnement des plats principaux (couscous, chorba) ou alors consommées seules avec de l'huile d'olive comme petit déjeuner.
La cuisine kabyle utilise beaucoup la poudre de piment rouge appelée ifelfel azgwagh qui sert a relever le gout des plats qui dans leur variantes locale sont bien épicé. Ainsi le couscous kabyle se fait avec une sauce d'accompagnement rouge et pimentée et la chorba s'accompagne du frik du blé vert concassé et de menthe. Les légumes occupent aussi une place importante ils peuvent être cuit puis écrasé pour donner le ahmiss, une salade de poivron et tomate à l'huile d'olive ou bien la Chakchouka avec des oignons notamment. L'olive occupe aussi un rôle centrale que ce soit pour son huile absolument indispensable ou entière pour réaliser des plats comme le tajine au poulet. D'ailleurs dans chaque maison kabyle on conserve avec soin son propre stock d'huile d'olive[182].
Les céréales sont aussi utilisés pour faire le pain (aghrum), qui est soit la galette à la semoule, soit le amatlou' plus épais. La semoule est employés dans certaine spécialités locales comme le tahboult (omelette kabyle en sauce) ou le tiqourbabine (boules de semoule parfumées épicées aux légumes et à la viande) deux plats typiques de la région préparés pour l'Aïd ou taachourt[183].
La cuisine kabyle varie toutefois d’une localité à l’autre selon les cultures pratiquées et les influences extérieures, par exemple pour les localités côtières la consommation de poisson y est courante ainsi que son usage dans les plats comme le couscous d'orge au poisson de Jijel (seksou sel slem) qui nécessite des poissons bien charnu comme le mérou ou la bonite et rouget de roche[184]. La consommation de fruits y est importante que ce soit les figues fraiches, figues de barbarie, les raisins, les grenades, les mûres ou dans la Soummam les oranges. À part dans les pâtisseries où les agrumes sont utilisées, comme le citron ou l'orange pour leur zeste, les fruits sont assez peu cuisinés et son souvent consommés frais ou séché comme la figue ou le raisin[185].
La pâtisserie traditionnelle kabyle est quant à elle assez variée et ouverte aux influences du reste du pays et traditionnellement réservée pour les grandes occasions. Une des préparations les plus courantes est sfenj, le beignet local. Le tahboult existe aussi en forme de dessert avec du miel et de l'arôme de fleur d'oranger. Une des pâtisseries les plus connues est aussi le makrout en forme de losange plat, ainsi que divers pâtisseries aux amandes et à la semoule accompagnés de café ou de thé à la menthe[186].
Le mariage est un moment fort dans la vie sociale des villages kabyles. C'est à la fois une occasion de divertissement et d'entraide, notamment pour les femmes qui y occupent un rôle central. Les mariages se déroulent durant l'été, traditionnellement période de moisson avant les labours, appelée Iwejjiben[187].
Dans la région, le mariage traditionnel (tamaghra) s'étale sur plusieurs jours et en plusieurs cérémonies, avec de nombreuses variantes selon les villages[188]. Tout commence par ass lemlak, le jours des fiançailles, où le montant de la dot (haq n'tislit) est fixé. Le tout se déroule chez le père de la mariée et il est coutume d'offrir du parfum, des bijoux en argent et du henné. La fatiha est récitée quand les deux familles ont trouvé un accord. Dans certains villages l'annonce du mariage est célébrée par des coups de fusils en l'air et des youyous[188]. Ensuite viennent les rites du mariage proprement dit, avec notamment les invitations qui s'adressent en premier lieu au cercle familiale puis aux amis. Quelques jours avant les célébrations les femmes se réunissent au domicile du futur époux pour rouler le couscous. C'est un moment de réjouissance où les femmes chantent, récitent des poèmes et lancent des youyous. Chez la mariée aussi des préparatifs ont lieux et on jette du sel sur les routes autour de la maison pour la protéger. La veille de la fête la tradition veut que la mariée prend un bain avec des herbes aromatisées comme le thym[188].
L'essentiel de la fête en Kabylie se déroule du côté du marié, du côté de la mariée les festivités sont mineures. Le premier jour est celui de la cérémonie du henné, la famille de la mariée se voit offrir des victuailles le matin. Durant la même matinée les femmes qui ont la confiance de la famille du mariée préparent le couscous pour le repas du midi. Une fois les feux de la cuisson éteints, on prépare le teeayan qui sont les denrées alimentaires qui sont destinées à la famille de la mariée (huile d'olive, semoule, viande ... ) et quelques effets vestimentaires (robe, chaussure, foutha ... ). À leur arrivée à la maison de la mariée, les personnes qui ont porté le teeayan prennent un repas. Ensuite le soir, a lieu la cérémonie de l'ourar(cérémonie de chants et de danses) chez le marié, où des chœurs de femmes chantent avec un bendir des chants traditionnels dont l'imbedi pour souhaiter la bienvenue aux invités[188].
Durant l'ourar a lieu la cérémonie du henné pour le marié avec ses chants spécifiques et des youyous. Le henné est préparé dans un bol avec des œufs, du blé dur, du parfum et un bijou en argent appelé tafezzimt elfetta. Des cierges sont allumées quand le henné est prêt à être appliqué et dans certain village on fait venir un poète appelé win yeznouzen lhenne, littéralement « celui qui vend le henné ». La mère du marié étend une couverture ou un foulard pour recevoir les dons des convives. Du côté des femmes l' ourar se prolonge par des chants et des danses toute la nuit jusqu'à l'aube et du côté des hommes par des festivités avec les idheballen, des troupes jouant du tbel et de la ghita que l'ont fait venir pour l'occasion. L'ourar se clôture par un chant très populaire « ebqaw aala khir »[188].
Le deuxième jour est marqué par le déjeuner mais surtout par la formation du cortège qui va chercher la mariée dans l'après-midi. Ce cortège quitte la maison du marié à destination de celle de la famille de la mariée. Il est de coutume que la mère de la mariée jette du sel sur le cortège à leur arrivée. La mariée est ensuite parée de bijoux en argent et parfois d'un collier de clou de girofle et d'ambre. La mariée emporte avec elle des pâtisseries et son trousseau (tisnitt) puis est couverte d'un voile long (hayek), qui cache son visage, avant de quitter sa maison. Le trajet se fait traditionnellement sur un cheval ou une jument. À son arrivée elle est accueillie par sa belle-mère et franchit la porte de la maison avec un morceau de sucre en bouche ou une écorce de noyer (tagusimt)[187]. Elle peut alors être vue et enlever le voile qui cache son visage. La soirée est ensuite ponctuée par un grand repas, l'imensi, lui même suivi d'un second ourar avec d'autres chants et danses nocturnes[188].
Le troisième jour, des coups de feu sont tirés et les femmes font des youyous. Ce jour marque la possibilité pour la mariée de recevoir des invités. Ces événements se poursuivent jusqu'au septième jour, où la famille de la mariée est autorisée a lui rendre visite. La famille de la mariée l'accompagne aussi à la fontaine du village pour remplir une cruche, dans certains villages le rituel de la fontaine a lieu le jour de son arrivée chez la maison du marié. Cette étape de la fontaine marque pour la mariée son arrivée et son appartenance à son nouveau village[188].
Activité économique, l'artisanat est aussi l'un des modes d'expression de la culture traditionnelle. À travers ses différentes formes se retrouve un ensemble de signes et de symboles également employés dans la décoration murale des maisons et dans les tatouages. Ce répertoire graphique remarquablement stable est constitutif d'une « écriture spécifiquement féminine », à signification ésotérique magique[189], et qui est peut-être la survivance d'une « écriture-mère » elle-même « à la source des écritures alphabétiques méditerranéennes, de l'Ibérie au Moyen-Orient[190] ».
Essentiellement orale encore, la littérature kabyle est représentée essentiellement par deux genres : la poésie et le conte[191]. L'un et l'autre se transmettent dans un registre de langue sensiblement différente de celui employé dans la vie quotidienne. C'est à la foi un mélange d'archaïsme et d'expressions anciennes, mais aussi de modernité, ce qui lui donne un cachet littéraire sans constituer un obstacle à sa compréhension par tous les Kabyles[192]. Plus consciente et parfois engagée, la poésie semble avoir le pas sur le conte qui n'a pas encore débouché sur la prose artistique[191].
La poésie kabyle traditionnelle relève de la grande tradition orale, berbère et africaine. On y distingue plusieurs genres. Le poème épique est dit taqsit (histoire, geste), le poème lyrique asfrou (élucidation) et la pièce légère, parfois chantée, izli (courant d'eau). Cependant le mot asfrou tend de plus en plus à désigner le poème sans distinction de genre et, au pluriel isfra, la poésie en général. Cette évolution rejoint l'usage que les poètes épiques faisaient déjà du même mot dans leurs exordes, qui débutent parfois par ce vers : « A yikhf iou refd asfrou » (« Ô ma tête, fais jaillir un poème »). Par ailleurs, le verbe sfrou (élucider, percer l'inconnu), employé sans complément, a le sens exclusif de dire ou réciter des vers, de la poésie, quel qu'en soit le genre[192].
Le poète kabyle traditionnel le plus célèbre est Si Muhand U M’hand, qui vécut au XIXe siècle. La tradition orale kabyle renferme aussi de nombreux proverbes appelés inzan.
Le conte lui démarre toujours par la formule « Machaho ! Tellem Chao ! »[193]. Les contes les plus célèbres sont ceux de Mohand Ucen (Mohand le chacal) ou de Djeha un personnage rusé dans l'imaginaire Nord Africain[194]. Le conte kabyle a fait aussi l'objet de beaucoup de travaux de synthèse et d'étude comme ceux de Mouloud Mammeri ou de Camille Lacoste-Dujardin[N 5].
Par ailleurs on peut intégrer à la tradition orale, les nombreux chants interprétés par les femmes. Ils sont chantés lors des grandes occasions avec un bendir, particulièrement les mariages lors de la cérémonie de l'ourar et du henné[188].
La musique kabyle traditionnelle est l'achwiq. Cependant on retrouve dans le chaâbi algérien, forme populaire de la musique arabo-andalouse, l'influence de la musique de Kabylie. C'est d'ailleurs la région d'origine de quelques-uns de ses meilleurs interprètes, comme Hadj M'hamed El Anka ou Abdelkader Chaou, qui ont interprété dans le registre andalou des textes en langue kabyle. D'autres chansons, comme Yal Menfi de Akli Yahyaten, sont des reprises en arabe algérien de chants kabyles anciens[195].
La région possède aussi des troupes de musiciens traditionnels appelés idheballen et qui se produisent lors de fêtes comme les mariages ou Yennayer. Il y a 2 écoles de idheballen, celle des Igawawen qui correspond à la Grande Kabylie et celle des Aït Abbas en Petite Kabylie. Il utilisent plusieurs instrument locaux[196] :
De nos jours, à côté d'un islam sunnite majoritaire, on trouve également des minorités catholiques romaines et depuis récemment des protestants (évalué de 3 000 à 50 000, toutes tendances confondues sur toute l'Algérie)[197]. Cependant, l'adhésion de la société kabyle à l'islam ne change pas du reste du Maghreb en proportion[198]. Les juifs dont la plupart ont fui durant la guerre d'Algérie ont surtout été implantés à Béjaïa dans le quartier « Karamane », où l'on retrouve encore l'ancienne synagogue[168]. Comme pour une grande partie de l'Algérie, l'islam en Kabylie suit la doctrine Malékite. D'ailleurs, l'ancien président des oulémas algériens, Abderrahmane Chibane, a d'ailleurs été originaire de la région[199].
Pour satisfaire la demande linguistique de la population, des travaux ont été entrepris pour la traduction du coran en kabyle et surtout la rédaction d'un lexique religieux en kabyle afin de limiter les emprunts lexicaux à l'arabe[200].
En Kabylie, il faut noter l'importance historique et culturelle d'une première période, celle des Fatimides chiites au Xe siècle siècle, qui explique l'importance de la fête de taachourt dans la région. La période des Hammadides est également importante. Les Hammadides ont fait de Béjaïa l’une des plus grandes capitales de la Méditerranée et une ville de tolérance religieuse (correspondance entre le Pape Grégoire VII et les Hammadides). Cette cité est devenu également un centre religieux d’importance ; elle a alors été surnommée « la petite Mecque de l’Afrique du Nord »[198]. D'ailleurs, certains religieux sont devenus des saints révérés par la population locale, à l’instar de Sidi Boumediene, dont le nom est encore célébré par les Nord Africains d’aujourd’hui, mais aussi Yemma Gouraya. Une autre période historique, celle des zaouïas et des marabouts, entre le XIe siècle et le XIIe siècle siècle[198], a également influencé la Kabylie. Les pratiques religieuses locales ont alors été rythmées par l'influence des marabouts appelés imrabden. Mouloud Mammeri a écrit :
« Aux Almoravides, le maraboutisme doit son nom et en partie la vocation … La baraka du marabout est un pouvoir surnaturel, il a opéré des miracles et pour cela, il est le lieu à la fois de tous les espoirs et de toutes les craintes[201]. »
Cependant, à l'heure actuelle l'influence des marabouts n'existe plus. Il persiste juste certains mausolées qui sont des lieux de visite, de mémoire populaire et de « mini-pèlerinage ». Le mausolée de cheikh Amokrane à Aït Zelal draine ainsi les foules pendant les fêtes de taachourt et de el mouloud[163].
À côté de l'aspect religieux, la Kabylie a gardé ses croyances amazigh. C'est le cas de la coutume de Tislit n'Anzar, la « fiancée de la pluie » appelé aussi Tislit n'waman la « fiancée de l'eau ». Il s'agit d'une fête d'appel de la pluie qui est attesté en Kabylie et dans d'autres régions berberophones, même si les rituels associés à la légende d’Anzar ont évolué avec la venue de l’islam pour s'y conformer[202].
Certaines légendes comme celle de la vieille de Yennayer perdurent toujours. Les Kabyles racontent qu'une vieille femme, croyant l'hiver passé, sortit un jour de soleil dans les champs et se moquait de lui. Yennayer (janvier) mécontent emprunta deux jours à Furar (février) et déclencha, pour se venger, un grand orage qui emporta, dans ses énormes flots, la vieille. Chez les Aït Yenni, la femme fut emportée en barattant du lait. Chez les Aït Fliq, Yennayer emprunta seulement un jour et déclencha un grand orage qui transforma la vieille en statue de pierre et emporta sa chèvre. Ce jour particulier est appelé « l'emprunt » (Amerdil). Les Kabyles le célébrent chaque année par un dîner de crêpes. Le dîner de l'emprunt (Imensi u amerdil) est destiné à éloigner les forces mauvaises. À Azazga et à Béjaïa, la période de la vieille (timgharin) dure sept jours. Le mythe de la vieille exerce une si grande frayeur sur le paysan berbère que celui-ci est contraint à ne pas sortir ses animaux durant tout le mois de Yennayer. Le pragmatisme a fait que les jours maléfiques ont été adaptés par le Kabyle à l'organisation hebdomadaire des marchés dans les villages. Cette répartition du temps de la semaine est encore d'actualité. Chaque commune de Kabylie possède son jour de marché[203].
Les grandes villes de Kabylie possèdent toutes des maisons de la culture comme celle de Tizi Ouzou et de Béjaïa. La maison de la culture de Tizi Ouzou inaugurée en 1975 est la première du genre en Algérie. Sa mission est la promotion de la musique, du cinéma et du théâtre local. Cependant c'est aussi un lieu de promotion de la culture berbère traditionnelle, avec notamment des expositions dédiées aux arts populaires[204]. La maison de la culture de Béjaïa possède des ateliers culturels de formation, un café théâtre, café littéraire et un café cinéma[205].
Ces structures sont aussi ouvertes sur cultures des différentes région d'Algérie et de l'Afrique. Ainsi tous les ans en juillet à Tizi Ouzou se tient le Festival Arabo-Africains des danses folkloriques, dédié aux danses traditionnelles du continent, avec des délégations de tous les pays africains. Les manifestations ont lieu dans la rue et animent la ville de Tizi Ouzou et les environs durant plusieurs jours au rythme des derboukas et des djembés[206].
Les petits villages aussi possèdent leur festivals et fêtes traditionnelles, avec notamment la Fête de la Figue à Lemcella en été, axé sur la culture millénaire de la figue dans ce village et sur l'écologie[128]. Il y a aussi une fête de l'olivier en hiver dans divers villages de la région où la culture ancestrale de cet arbre est à l'honneur. C'est l'occasion de proposer à la vente des produits du terroir local aux visiteurs comme l'huile d'olive de la région et donc pour les agriculteurs d'améliorer leurs revenus[127]. L'artisanat kabyle a aussi sa fête de la poterie en été de Mâatkas, où les créations de toute l'Algérie sont célébrées, avec leurs motifs et leurs techniques[207]. N'oublions pas aussi la fête du bijou des Aït Yenni en juillet, où toutes les créations des meilleurs orfèvres de la région sont présentées. Les artisans en profitent aussi pour montrer certains de leurs savoir-faire jalousement gardés et vendre leurs plus belles pièces[145]. Le tapis possède aussi sa propre fête à Aït Hichem, où des artisans des Aurès et du Mzab exposent leur créations à côté de celles de Kabylie. Il y a par ailleurs un concours organisé, où le créateur du meilleur tapis se voit remettre une somme de 150 000 dinars[152].
La ville de Béjaïa possède le musée de Borj Moussa, aménagé dans un fort espagnol du Moyen Âge, qui collectionne les vestiges préhistoriques, romains et de l'époque des Hafsides. Le musée abrite aussi une collection d'oiseaux et d'insectes de toute l'Afrique et les toiles du peintre Émile Aubry et de peintres algériens comme Tabekouch et Farès[208].
Le musée de Sétif lui est dédié aux antiquités de la période romaine, numide et islamique. Il contient une riche collection de monnaies en bronze de l'époque numide, mais aussi islamique puis ottomane. Il possède aussi une salle dédiée aux mosaïques romaines et une dédiée à la calligraphie arabe[209].
Parmi les équipes de football de la région, la Jeunesse sportive de Kabylie (JSK) se différencie des autres par l'importance des victoires et des prix qu'elle a remportés. C'est aujourd'hui la première équipe d'Algérie par le nombre de coupes gagnées[210]. L'autre grand club de football de la région est la JSM Béjaïa. Depuis 2010, le club a le statut de professionnel suite à une réforme du championnat3. Le club gagne son premier championnat d'Algérie quatre ans seulement après son accession en 1973. La JSK conserve son titre la saison suivante. 12 autres titres de champion d'Algérie suivront, le dernier étant acquis en 2008. La JSK a également remporté cinq coupes d'Algérie, et une supercoupe d'Algérie. La première en 1977. Lors de cette même saison, les jaune et vert gagnent également le championnat d'Algérie, ainsi le club réalise son premier doublé coupe-championnat, un second suivra en 1986. Les « verts et jaunes » s'imposent ensuite sur le plan continental en remportant deux coupes des clubs champions en 1981 et 1990. Le club remporte également la coupe des coupes en 1995. La JSK a également gagné trois coupes de la CAF d'affilée en 2000, 2001 et 2002. Seul le club égyptien d'Al Ahly a réussi pareil exploit en Afrique avec la Coupe d'Afrique des vainqueurs de coupe de football en 1984, 1985 et 1986. La JS Kabylie n'a jamais connu la relégation depuis son accession en première division en 1969. Son ascension en première division a fait naître un le derby kabyle[211].
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