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suicide
suicidé
suicider (v. pron.)
1.se tuer volontairement
suicidé (n.m.)
1.personne qui s'est donné la mort.
suicide (n.m.)
1.fait de se tuer volontairement.
2.(figuré)fait de se nuire gravement.
Suicide (n.)
1.(Cismef)Action de se donner la mort.
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⇨ definición de Suicide (Littré)
⇨ definición de Suicide (Wikipedia)
suicider (v. pron.)
donner la mort (se+V), mettre fin à ses jours (V), supprimer (se+V)
suicide (n.m.)
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Ver también
suicider (v. pron.)
↘ suicide
suicide (n.m.)
⇨ Aide au suicide • Aide médicale au suicide • Gène suicide transgénique • Gène-suicide • Gènes suicide • Gènes-suicide transgéniques • Suicide assisté • Suicide assisté par un médecin • Suicide médicalement assisté • Tentative de suicide • attentat suicide • auteur d'un attentat-suicide • avion-suicide • pacte de suicide • suicide (tentative de) • suicide assisté • suicide par le feu • tentative de suicide
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suicider (v. pron.) [se+V]
se donner la mort[ClasseHyper.]
Suicide (n.) [Cismef]
suicide (n. m.)
événement marquant la fin de la vie[Classe]
fait de se donner la mort volontairement[ClasseHyper.]
mise à mort, tuage[Hyper.]
donner la mort, mettre fin à ses jours, suicider, supprimer[Nominalisation]
auto-détruire - autodestructeur, suicidaire[Dérivé]
suicide (n. m.)
Descripteurs EUROVOC[Thème]
suicidé (adj.)
qui a cessé de vivre[Classe]
suicide[termes liés]
Le Littré (1880)
Néologisme. Se donner la mort à soi-même.
Un suicidé, un homme qui s'est donné la mort à lui-même.
REMARQUE
Ce verbe est très fréquemment employé présentement ; mais il est mal fait, puisqu'il contient deux fois le pronom se. Suicide, meurtre de soi : il est difficile de former avec cela régulièrement un verbe réfléchi. Suicide équivaut à soi-meurtre ; se suicider équivaut donc à se soi-meurtrir ; cela met en évidence le vice de formation. On raconte que M. de Talleyrand, étant ambassadeur après 1830 à Londres, se servit de ce mot dans le salon de lord Holland ; le lord exprima son étonnement d'entendre ce néologisme dans la bouche de Talleyrand Tout homme qui répugne aux barbarismes, même usités, fera bien de s'abstenir de l'emploi de ce mot. Autrefois on disait : se défaire, se détruire, et l'on disait bien. Le vicieux emploi est allé jusqu'à faire de suicider un verbe actif.— Un sous-préfet, chargé d'exécuter des mesures sévères, en sollicitait l'adoucissement près de son chef immédiat... Je sais, à n'en pas douter, écrivait-il à M. le préfet, que, si la chose a lieu, plusieurs mauvais sujets sont disposés à me suicider. - Ils ont trop d'esprit pour cela, répondit M. le préfet ; si jamais vous êtes suicidé, ce ne sera que par un imbécile (ARNAULT Critiques, t. I, p. 298)
1. Action de celui qui se tue lui-même.
• L'abbé de Saint-Cyran, le patriarche des jansénistes, autrefois homme célèbre pour un peu de temps, écrivait, en 1608, un livre en faveur du suicide (VOLT. Pol. et lég. Prix just. et humanité, 5)
• On se donne beaucoup, dans ce pays-là [Genève], le passe-temps de se tuer ; voilà quatre suicides en six semaines (VOLT. Lett Damilaville, 9 avr. 1767)
• Je crois, proportion gardée, qu'il y a plus de suicides à Genève qu'à Londres (VOLT. Lett. Mariott, 26 fév. 1767)
• Le désordre des finances et le changement de la constitution de l'État répandirent une consternation générale ; un grand nombre de suicides dans ce royaume, un plus grand nombre dans la capitale sont de tristes preuves de cette consternation (HELVÉTIUS Oeuvr. complètes, Londres 1781, p. 105)
• Il a exposé la doctrine des stoïciens, dont le suicide était un des points fondamentaux (DIDER. Claude et Nér. II, 109)
• Le suicide enfin, raisonnant ses fureurs, Atteste par le sang le désordre des moeurs (GILBERT Mon apol.)
• Une variété de mélancolie caractérisée par un penchant violent au suicide, sans aucune cause connue (PINEL Instit. Mém. scienc. 1807, 1re sem. p. 190)
• Mais lorsque, grandissant sous le ciel attristé, L'aveugle suicide étend son aile sombre (V. HUGO Crépusc. 13)
Fig.
• Espèce de spleen littéraire [les Nuits d'Young], qui pourrait finir par le suicide du talent (VILLEM. Litt. française, XVIIIe siècle, 2e part. 2e leç.)
Fig. C'est un suicide, se dit d'une action, d'une démarche qui ruine les affaires de celui-là même qui la fait.
2. Celui qui se tue lui-même.
• Les suicides, qui ont dédaigné la noble nature de l'homme, ont rétrogradé vers la plante, ils sont transformés [dans l'Enfer de Dante] en arbres rachitiques qui croissent dans un sable brûlant (CHATEAUBR. Génie, II, 4, 14)
REMARQUE
Ce mot est pour la première fois dans l'édition de l'Académie de 1762 et dans Richelet de 1759 ; auparavant on disait homicide de soi-même. On dit que ce mot a été employé pour la première fois par Desfontaines au XVIIIe siècle. On dit aussi qu'il vient des Anglais ; mais cela n'est pas probable, car la forme en est française et non pas anglaise.
ÉTYMOLOGIE
Lat. sui, de soi-même, et le radical cidium, meurtre, qui se trouve dans homi-cidium de caedere, tuer.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
SUICIDE. Ajoutez :
3. Adj. Qui a rapport au suicide.
• Il est inutile de rappeler ici les vieilles histoires bien connues de l'épidémie suicide des filles de Milet... (BOUCHUT Journ. offic. 12 avril 1874, p. 2697, 3e col.)
• Ce qu'on sait des épidémies convulsives, choréiques, suicides et homicides, atteste que... (BOUCHUT ib. p. 2698, 2e col.)
Wikipedia
Suicide | |
Classification et ressources externes | |
Le Suicidé, par Édouard Manet. | |
CIM-10 | X60 – X84 |
---|---|
CIM-9 | E950 |
MedlinePlus | 001554 |
Mise en garde médicale |
Suicide |
Généralités |
Tentative de suicide · Idée suicidaire · Culture de la mort · Liste des pays par taux de suicide • Personnes suicidées : Liste (ordres chronologique et alphabétique) · Liste par méthode utilisée |
Formes particulières de suicide |
Attentat-suicide · Meurtre-suicide · Suicide collectif · Suicide forcé (Kamikaze) · Suicide par police interposée |
Sciences et suicide |
Droit |
|
Médecine |
Épidémiologie · Causes psychiatriques |
Sociologie |
Points de vue sur le suicide |
Philosophie |
Religion |
Religion maya : Ixtab • Judaïsme : Kiddoush Hashem • Islam : Chahid |
Suicide et arts |
Réalisation du suicide |
Mode de suicide |
Notamment : Armes à feu • Attentat-suicide • Automutilation • Électrocution • Empoisonnement • Hypothermie • Immolation • Noyade • Pendaison • Saut • Suffocation |
Le suicide (du latin sui, « soi » et cidium, « acte de tuer ») est l’acte délibéré de mettre fin à sa propre vie. Dans le domaine médical, il est parfois question d’autolyse (du grec αὐτο- / auto- « soi-même » et λύσις / lúsis « destruction »).
Selon une définition moderne qui ne préjuge pas des intentions de la personne et ne juge pas son acte, le suicide est « l’acte qui a pour effet la mort d’une personne et dont l’intention est soit d’en finir avec la vie, soit de produire un nouvel état de choses (comme le soulagement de la douleur), dont le sujet pense qu’il ne peut être atteint qu’au moyen de la mort ou qu’il conduira à la mort »[1].
Le suicide est un acte complexe qui ne peut être approché à l'aide d'une seule et unique discipline. Lorsqu'il est question de suicide, il est nécessaire de faire appel à plusieurs domaines, tels que la médecine, la psychopathologie, la sociologie, l'anthropologie, la philosophie, la théologie ou même l'histoire.
L'origine du mot (formé d'après homicide) est récente : sa paternité est souvent attribuée à un écrit de l'abbé Desfontaines en 1737 (Observations sur les écrits modernes, t. XI, p. 299) mais dès 1734, l'abbé Prévost parle de suicide dans sa gazette Pour et Contre , ce néologisme latin semblant même avoir été utilisé dès le XVIe siècle par les casuistes pour contrebalancer le mot homicide utilisé jusque-là et jugé trop fort[2]. Voltaire (qui publie, en 1739, Du suicide ou de l'homicide de soi-même) et les encyclopédistes acceptent ce néologisme et le diffusent. Il est adopté par des jurisconsultes, comme Daniel Jousse, qui feront désormais coexister les deux termes au niveau juridique.
Pour considérer qu'on est en présence d’un suicide, la mort doit être l’intention de l’acte et non simplement une de ses conséquences. Un attentat-suicide, par exemple, sera considéré comme relevant plus d’une action terroriste ou d'une forme de martyre, selon la personne qui parle, que du suicide.
Dans un grand nombre de cas, le suicide s'intègre à l'évolution d'une pathologie psychiatrique, le plus souvent état dépressif, schizophrénie, trouble de la personnalité, troubles du sommeil etc.
Le suicide est traditionnellement un acte condamné dans le cadre des religions monothéistes. En effet, si le fait de se suicider est d'abord un acte qui va contre soi-même, l'« appartenance » de la destinée de l'homme à Dieu fait que cet acte devient une rupture de la relation spécifique entre l'homme et Dieu et un acte allant contre la souveraineté de Dieu.
Le point de vue catholique a été précisé dès le premier concile de Braga qui s'est tenu vers 561 : il déclare que le suicide est criminel dans la chrétienté, sauf chez les « fous ». Le premier concile de Braga entendait lutter contre les modes de pensée païens à une époque encore profondément marquée par la mentalité romaine où le suicide était présenté comme une voie noble, une mort honorable, recommandable pour racheter un crime alors que le christianisme voulait marquer que pour lui seul le pardon, l'acceptation de se livrer à la justice pour un criminel, était la seule voie acceptable.
L'islam interdit le suicide et le considère comme un péché (voire un crime). D'après un hadith, Mahomet aurait refusé de prier sur un suicidé qui lui fut présenté, cependant il avait ordonné à ses compagnons de tout de même le faire.
Commettre un suicide est loin d'être considéré comme une bonne chose, au sens où le fait de prendre la vie de quelqu'un est considéré comme négatif. Cependant, d'un point de vue bouddhiste, ce que nous faisons ou ne faisons pas n'est pas le seul critère qui détermine si un acte est "bon", "mauvais" ou "très mauvais". Le critère essentiel est la motivation qui sous-tend l'acte. Selon la théorie du karma, quoi que nous fassions, nos actes auront des conséquences. Rien ni personne ne prend la décision de nous récompenser ou de nous punir. C'est la force de l'action elle-même qui détermine le résultat. D'après les principes d'interdépendance et du karma, notre mort est suivie d'une renaissance dans la vie suivante[5].
Le suicide est perçu assez différemment selon les cultures ; si dans les sociétés occidentales, il a longtemps été considéré comme immoral et déshonorant, il est dans d'autres sociétés justement le moyen de recouvrer un honneur perdu. En Asie, il existe des formes de suicide ritualisé comme les jauhâr et satî indiens. Le seppuku japonais quant à lui est un suicide vu comme une issue honorable face à certaines situations perçues comme trop honteuses ou sans espoir.
Une étude menée dans 26 pays de tradition judéo-chrétienne a révélé que plus les femmes et les personnes âgées étaient religieuses, moins elles se suicidaient[6].
Émile Durkheim, un des fondateurs de la sociologie, publie en 1897 son fameux livre Le Suicide où il analyse ce phénomène sous un angle social. Il distingue quatre sortes de suicide : le suicide égoïste, le suicide altruiste, le suicide anomique et le suicide fataliste. Dans chaque cas, la désintégration sociale est la cause première véritable.
Il est particulièrement développé dans les sociétés où l'intégration est suffisamment forte pour nier l'individualité de ses membres. L'individu est tellement absorbé dans son groupe que sa vie ne peut exister en dehors des limites de ce groupe.
Exemples de suicides « altruistes » :
Dans le cas de groupes isolés aux ressources alimentaires quasiment épuisées, certains suicides sont des sacrifices pour la survie du groupe ou au moins d'une partie. Le suicide apparaît bénéfique collectivement quand les ressources suffiraient pour la survie du groupe si celui-ci se réduit, alors que partagées entre tous, c'est tout le groupe qui disparaîtra probablement ; les volontaires ayant en contrepartie l'avantage de ne pas — ou de ne plus — connaître les affres de la faim.
Racontant des épisodes dramatiques d'une double famine hivernale subie par les Inuits (les Ammassalimiout), en 1882 et 1883 sur la côte est du Groenland, Paul-Émile Victor décrit des suicides, notamment celui de deux femmes et de leurs quatre jeunes enfants se jetant à l'eau pour se retrouver dans le Domaine des morts ; d'autres suicides sont au contraire en partie motivés par le désir de ne pas subir l'anthropophagie possible de la part de leurs proches réduits à cette extrémité, même si cela devait les sauver[7]. Dans ces histoires et ces circonstances, la mort d'un homme est généralement suivi du suicide de sa femme, éventuellement avec ses enfants.
Présence ici, à l'inverse du suicide « altruiste » (voir ci-dessus), d'une intégration faible, d'une individualisation démesurée et qui s'affirme au détriment du moi social, ainsi que d'une désagrégation de la société, au cours d'un vieillissement qui n'offre aucune perspective positive. Il est parfois, mais pas toujours, le symptôme d'une société trop déstructurée pour fournir un motif valable d'existence de qualité à certains de ses individus.
C'est, par exemple, le suicide de l'adolescent solitaire. C'est aussi le cas du vieillard isolé affectivement ou intellectuellement.
Le suicide anomique est dû à des changements sociaux trop rapides pour que les individus puissent adapter leurs repères moraux. Le mot « anomie » vient du grec ἀνομία / anomía et signifie « absence de règle, violation de la règle ». Il a été emprunté, dans un premier temps, en philosophie par Jean-Marie Guyau (1854-1888) qui, à la différence des Grecs, l'utilisait de façon positive : l'anomie représente l'affranchissement des limites virtuelles fixées par l'homme. Cependant, le sociologue français Émile Durkheim (1858-1917), en étudiant le comportement suicidaire, l'utilise mais revient sur une vision plus sombre et négative du mot, où la rupture des règles peut être très néfaste au psychisme et conduire au suicide.
Il a été montré par des études que le suicide croît de façon proportionnelle aux dérèglements d'ordre social et d'ordre économique : qu'il s'agisse de crises boursières ou d’embellie économique, le taux de suicide augmente car l'individu perd ses repères et ses régulateurs. Ce suicide est donc fréquent dans les groupes sociaux où la régulation est faible.
Le suicide fataliste se définit par la prise en compte par l'individu d'un destin muré, immuable. Il a lieu dans les groupes sociaux où la régulation est forte.
Bien que Durkheim ait tenté de fournir des explications sociologiques aux phénomènes qu'il étudiait, il a tout de même inséré des explications, sexistes, biologisantes et naturalisantes de certains comportements sociaux. Par exemple, dans le cas de son étude sur le suicide, il a déclaré que si les femmes se suicidaient moins que les hommes, après un deuil ou un divorce, cela était dû à plus d'autonomie de leur part :
« Mais cette conséquence de divorce est spéciale à l'homme, elle n'atteint pas l'épouse. En effet, les besoins sexuels de la femme ont un caractère moins mental, parce que d'une manière générale sa vie mentale est moins développée. Ils sont plus immédiatement en rapport avec les exigences de l'organisme, les suivent plus qu'ils ne les devancent et y trouvent par conséquent un frein efficace. Parce que la femme est un être plus instinctif que l'homme, pour trouver le calme et la paix, elle n'a qu'à suivre ses instincts. Une réglementation sociale aussi étroite que celle du mariage et, surtout, du mariage monogame ne lui est donc pas nécessaire. »
— Durkheim (1897) Le Suicide, page 306.
Le XXe siècle a connu des suicides de protestation, en particulier par le feu (bonze Thich Quang Duc protestant ainsi contre la guerre du Vietnam en 1963, étudiant tchèque Jan Palach contre l'occupation de son pays[8]). Le suicide en France d'un jeune ouvrier auquel sa direction voulait interdire de porter les cheveux longs à la fin des années 1960 a été très médiatisé. Enfin, le professeur Alfred Métraux a explicitement indiqué que son suicide avait pour but de signaler les conditions de vie pénibles des personnes âgées dans la société de son époque. En 2011, le suicide du marchand de légumes tunisien de 26 ans, Mohamed Bouazizi, sera un élément déclencheur d'une série de révolutions dans le monde arabe.
Les méthodes employées par les personnes s'étant suicidées sont compilées par l'OMS afin de concevoir des stratégies efficaces de prévention du suicide. L'empoisonnement par pesticide est courant dans de nombreux pays d'Asie et en Amérique latine ; l'empoisonnement médicamenteux est fréquent dans les pays nordiques et le Royaume-Uni. La pendaison est la méthode la plus usitée dans l'est de l'Europe, tandis que l'on observe plus souvent le recours à l'arme à feu aux Etats-Unis et le saut d'un endroit élevé dans les grandes villes telles que Hong Kong[9].
Le suicide est vu bien différemment selon le courant philosophique l'évoquant. Il peut être considéré comme un acte suprême de liberté ou une option de faiblesse et de renoncement, voire de sacrifice. Du point de vue contraire, le suicide est mis en opposition avec l'humanité. En effet, la mort fait partie de la nature. Se donner la mort, c'est donc renier la nature et s'opposer à elle. C'est s'éloigner de son humanité.
Pour Platon, la mort était la propriété des dieux, et des Parques qui coupaient le fil de la vie. Pour Platon, se suicider, c'est donc aller contre la volonté des dieux.
Paul Valéry mentionne dans Tel Quel que le suicide est en général dû à l'impossibilité pour sa victime de supprimer chez elle une idée lui causant souffrance, et à laquelle elle pense donc ne pouvoir mettre fin qu'avec sa propre vie.
Pour Jean-Jacques Delfour[10], le suicidant ne peut pas vouloir mourir, puisqu'il ignore ce qu'est la mort, dans le sens où il n'en a pas l'expérience. Le suicide, pour lui, est uniquement une manière de mettre fin à une souffrance. Cependant, s'ils mettent fin à leur souffrance, ils mettent aussi fin à la suppression de cette souffrance et donc n'en bénéficient pas ; et la liberté que l'on a sur sa vie, le pouvoir de se tuer, disparaît avec la vie elle-même, on n'a donc pas l'occasion d'en jouir. Pour lui, il n'y a donc pas à proprement parler de suicide, mais une agression du corps pour laquelle rien n'est venu interrompre le processus mortel.
La psychiatrie, la psychologie, la sociologie, la philosophie, la théologie et le droit s'intéressent dans leurs domaines respectifs à la question du suicide. À côté de ces études théoriques, il existe des mesures pratiques pour la prévention du suicide et l'accompagnement de ceux qui commettent une tentative de suicide.
Malgré les efforts pour prévenir et traiter ces pathologies, le suicide demeure un problème majeur de santé publique. Le défi à propos du suicide est de mettre au point un modèle explicatif et prédictif, c'est-à-dire qui repose sur une physiopathologie en grande partie à découvrir et qui intègre les facteurs de risque actuellement connus. Un suicide réussi est fréquemment précédé par un processus suicidaire qui devient manifeste à travers les propos du sujet et/ou ses tentatives de suicide. La capacité à répondre à l’adversité psychosociale et à la pathologie mentale par un comportement suicidaire traduit une prédisposition sous-jacente. La prévention du suicide pour être efficace doit prendre en compte cette prédisposition. Le suicide peut être dû à des difficultés psychologiques, notamment une grave dépression. Les autres cas (suicide à la suite d'un déshonneur par exemple) sont plus rares dans les cultures occidentales. On a observé des cas où un suicide s'accompagnait du meurtre d'autres personnes (souvent le compagnon, les enfants), il est question dans ces cas de suicide étendu ou élargi. Il peut arriver que la cause du suicide soit une réflexion sur l'existence même, influencée par la philosophie nihiliste.
Le suicide a en général des causes multiples. Les facteurs menant au suicide peuvent être classés en trois catégories :
Les facteurs primaires : Les facteurs primaires sont des facteurs sur lesquels on peut agir, ils ont une valeur d'« alerte ». Ce sont les antécédents personnels (tentatives de suicide précédentes, troubles de l'humeur), les antécédents familiaux (si des proches se sont suicidés, cela peut prendre une valeur d'« exemple ») et les troubles psychiatriques avérés (schizophrénie, toxicomanie, alcoolisme, etc.). Conseiller à un dépressif de se débarrasser des armes à feu qu'il possède chez lui fait statistiquement baisser ses réussites de suicide, car l'usage d'une arme à feu est simple et rapide, ce qui peut conduire au geste fatal pendant un court moment d'égarement.
Les facteurs secondaires : Les facteurs secondaires sont des facteurs sur lesquels on peut agir sans pour autant obtenir de résultats garantis, et qui n'ont en soi qu'une faible valeur prédictive, sauf associés à des facteurs primaires. Il s'agit essentiellement de la situation sociale isolement, solitude, chômage, dévalorisation sociale chez les personnes âgées[11], harcèlement scolaire chez les jeunes)[12] et d'événements passés traumatisants (deuil, agressions sexuelles, séparation, maltraitance).
Les maladies chroniques sont peu suicidogènes, mis à part pour les personnes âgées[13].
Les facteurs tertiaires : Ce sont des facteurs sur lesquels on ne peut que difficilement agir, et qui n'ont de valeur prédictive qu'en présence de facteurs primaires ou secondaires. C'est par exemple l'âge (la probabilité la plus forte est entre 35 et 54 ans, et au-delà de 70 ans) ou l'appartenance au sexe masculin (cf. la section Statistiques).
Plusieurs facteurs de protection qui permettent de contrebalancer notent certains effets négatifs des facteurs de risque associés au suicide. Voici quelques exemples :
« Il est très important de pouvoir modéliser le comportement suicidaire car sa prédictibilité est actuellement très faible. Bien que la majorité des sujets qui font une tentative de suicide ou se suicident ne sont pas connus comme souffrant d'un trouble psychiatrique, les enquêtes dites « d'autopsie psychologique » réalisées dans l'entourage de sujets suicidés nous montrent que 90 à 95 % des sujets décédés par suicide présentaient un trouble psychiatrique. »
— Conférence de consensus, La Crise suicidaire, ANAES p. 77
Deux modèles principaux ont été développés pour expliquer et prévoir le comportement suicidaire. Ces deux modèles se complètent plus qu’ils ne s’excluent.
Les auteurs partent des constatations suivantes : 90 % des victimes de suicide souffraient d’une pathologie psychiatrique au moment de leur mort mais beaucoup de patients psychiatriques ne font pas de tentatives de suicide. Un diagnostic psychiatrique est une condition nécessaire mais non suffisante pour se suicider. Il est donc nécessaire d’identifier des facteurs de risque suicidaire en dehors du diagnostic psychiatrique.
Une tentative de suicide antérieure est le meilleur prédicateur d’une tentative de suicide future mais seulement 20 à 30 % des patients qui se suicident ont fait avant une tentative de suicide. Un premier résultat important est que les patients qui font une tentative de suicide ne diffèrent pas significativement de ceux qui n’en font pas en termes de sévérité de la psychopathologie aiguë. Ceci va à l’encontre d’une idée reçue selon laquelle la gravité des symptômes prédispose au suicide.
Par contre, l’intensité de l’idéation suicidaire est un facteur de risque de passage à l’acte. Dans le risque suicidaire, la pathologie intervient par certains paramètres longitudinaux :
Des éléments stables du comportement sont retrouvés comme des marqueurs de prédisposition :
C'est le modèle qui a été retenu par l’INSERM dans ses travaux sur le suicide. Il est possible d’observer un processus suicidaire chez l’individu avant le passage à l’acte. Les personnes suicidaires présentent une fragilité (facteurs de risque accumulés) qui les prédisposerait à réagir de façon inadaptée lors de situations stressantes. Une perte quelconque (exemple : perte d’un(e) ami(e) ou deuil d'un proche) enclenche le processus. Une période dépressive suit la perte ; puis l’étape de la crise s’installe. L’état de crise peut être accompagné d’idéations passagères qui se transformeront en rumination, puis en cristallisation (formation d’un plan précis pour passer à l'acte : où ? quand ? comment ?) pour aboutir à la tentative planifiée. Dans la majorité des cas, le suicide n’est donc pas un acte impulsif, mais plutôt un acte prémédité qui résulte d'un processus bien défini. Ceci permet de réaliser qu'une intervention spécifique est possible à chacune des étapes. La personne intervenant auprès d'un individu suicidaire doit être attentive aux signes associés à chaque phase du processus.
Le processus suicidaire est un processus qui se déroule sur quelques heures ou quelques jours. On y distingue trois étapes :
Les études faites sur la cognition du suicide ont trouvé les caractéristiques suivantes qui prédisposent au passage à l’acte suicidaire en situation de stress :
Cette cognition particulière semble devoir être mise en relation avec un déficit des fonctions exécutives avec en particulier des difficultés dans l’élaboration des stratégies de prise de décisions comme cela a été montré dans une étude récente. Enfin, nous dirons quelques mots de la neurobiologie du suicide. Le trait très régulièrement retrouvé est le dysfonctionnement du système sérotoninergique que celui-ci soit attesté par une diminution des métabolites urinaires de la sérotonine, ou des métabolites au niveau du liquide céphalorachidien, ou encore par une baisse de la fixation de la sérotonine au niveau préfrontal. Pour une revue détaillée, on pourra consulter The neurobiology of suicide and suicidality.
Références :
Le suicide est généralement annoncé ; beaucoup de suicidés essaient de prévenir leurs proches et laissent une lettre d'adieu afin d'expliquer leur geste. Ces pensées sont à prendre au sérieux ; s'il y a un risque de tentative de suicide, il faut en parler avec la personne ouvertement afin de pouvoir l'éviter. L'évocation de la mort avec une personne, poser la question « avez-vous pensé à la mort ? » n'est pas suicidogène, mais permet au contraire de montrer que l'on comprend la souffrance. Lorsque l'on discute, il ne faut pas porter de jugement ; on peut tenter de lui faire se remémorer d'anciens problèmes et les stratégies qu'elle avait mises en œuvre pour les résoudre.
Selon le professeur Michel Debout[15] :
« Lorsqu’on pense qu’une personne va mal, il ne faut pas hésiter à lui dire ce que l’on ressent. Et la manière dont on lui dit est importante. Si vous lui demandez : « ça ne va pas ? », elle risque de se renfermer dans une réponse de type : « Mais si ça va très bien. » Alors que si vous dites « je te sens mal », vous vous impliquez personnellement, et vous montrez que non seulement vous offrez une écoute, mais même un véritable dialogue. À partir de là, tout dépend de la situation et de votre lien avec elle. Mais vous pouvez essayer de l’orienter vers un soutien, un spécialiste ou une association qui pourront l’aider. »
Les personnes qui ont fait une tentative de suicide sont en général prises en charge en service de soins aigus à l'hôpital (à la suite d'un empoisonnement ou à des blessures nécessitant souvent une réanimation). Une fois l'épisode critique surmonté et l'éloignement de tout danger vital, le patient est orienté vers un service de psychiatrie. L'hospitalisation est volontaire dans la grande majorité des cas, mais certaines dépressions sévères (mélancolie, dépression délirante) peuvent entraîner une hospitalisation à la demande d'un tiers, voire une hospitalisation d'office. Dans tous les cas, les sujets ayant fait une tentative de suicide doivent être évalués par un psychiatre, et souvent orientés vers une structure adaptée à la prise en charge d'une cause curable de suicide (dépression très souvent, mais aussi psychose, alcoolisme, etc.). Dans le cas d'un séjour en psychiatrie, il est proposé un suivi ultérieur en consultation psychiatrique (hospitalière ou avec un psychiatre libéral). Malgré ces efforts de prise en charge et la possibilité d'hospitalisation contre le gré du suicidant, en France, un quart des adolescents mineurs suicidants sortent de l'hôpital sans avoir eu de consultation psychiatrique.
Cette prise en charge des personnes qui tentent de se suicider est importante car les risques d'une nouvelle tentative sont grands (75 % dans les deux ans). Il est cependant aussi nécessaire de faire une prévention du suicide en amont. Cela passe par l'explication de ce qu'est la dépression. Il serait souhaitable que médecins (60 à 70 % des suicidants consultent un médecin dans le mois qui précède le passage à l'acte, dont 36 % dans la semaine qui précède), enseignants et de manière générale toute personne en contact avec des adolescents ou des personnes en détresse sociale soient formés, des campagnes publicitaires soient menées afin de sensibiliser l'ensemble de la population à ce problème et d'aider les personnes susceptibles de se suicider à abandonner cette idée en leur ouvrant la voie à d'autres alternatives.
L'idéal serait de convaincre la personne de consulter un médecin ou de contacter une association spécialisée. Si le passage à l'acte est ressenti imminent, il faut prévenir les secours (en priorité la régulation médicale, le « 15 » en France, le «112» en Europe pour les urgences diverses) et le 911 au Canada.
Cependant, l'écoute dans le but de faire exprimer à la personne ses difficultés ne constitue qu'un premier stade de la prévention.
Il existe de nombreuses aides mises à disposition pour chaque individu. Un premier stade est généralement pris en charge téléphoniquement par des associations dans chaque pays à commencer par les pays francophones européens :
En France et en Suisse, ces services « se cantonnent exclusivement à l'écoute » et n'interviennent pas « même sur demande expresse de la personne en détresse ». Dans le Canada français « Québec », si la personne est jugée en danger immédiat, les intervenants du 1-866-APPELLE retraceront l'appel et enverront des secours. C'est une ligne d'intervention. Pour les anglophones, le service de SOS Amitié spécialisé peut orienter vers un psychiatre anglophone voire appeler les pompiers « à la demande expresse » de la personne. SOS Amitié a aussi un service d'écoute par courriel mais avec des délais de 48h pour les réponses.
D'autres aides peuvent être trouvées comme notamment sur des forums de discussion affirmant procurer un soutien psychologique existant actuellement sur internet[17]. Selon certains[Qui ?], il convient d'aborder ces sites avec circonspection en raison de :
Ces deux facteurs pourraient mener à une aide inadaptée, qui pourrait même être suicidogène. SOS Amitié Internet, dans le prolongement de son écoute téléphonique, offre un service d'écoute web gratuit, mais non permanent, fonctionnant par courriel, pour donner aux personnes la possibilité de mettre des mots sur leurs difficultés et leur souffrance[18]. Les personnes qui répondent aux messages appartiennent à l'équipe d'écoute au téléphone et auraient suivi une formation spécifique à l'écoute écrite. Les messages reçus reçoivent une réponse sous 48h.
Cet article ou cette section adopte un point de vue régional ou culturel particulier et doit être internationalisé.
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Actuellement, il n'existe pas de gradation entre la démarche d'écoute (Aide téléphonique et Aide internet) et l'intervention des services d'urgences sur un cas déjà passé à l'acte.
La prévention des cas d'urgence élevée devant donc être effectuée par l'entourage ou le médecin traitant. Ce qui pose les problèmes suivants :
L'épidémiologie du suicide est une discipline de l'épidémiologie qui vise à connaître l'étude de la répartition et des déterminants du suicide dans les populations.
Dans le monde, 815 000 personnes se sont suicidées en 2000, soit 14,5 morts pour 100 000 habitants (un mort toutes les 40 secondes[20]). L'épidémiologie du suicide reste cependant très variable selon les pays, et parfois même entre communautés différentes dans un même pays. Les tentatives de suicide sont beaucoup plus fréquentes, mais leur nombre est très difficile à évaluer.
Les statistiques sont jugées plus ou moins fiables selon les pays. Certains suicides peuvent passer pour des morts naturelles ou accidentelles ou des crimes (et inversement). La précision de ces statistiques dépend aussi de la manière dont la médecine légale et la police travaillent.
La surveillance de l'évolution de l'incidence des suicides en France est effectuée par le réseau Sentinelles de l'Inserm.
En 2008, le taux de suicide était de 16,2 pour 100 000 habitants[21],[22] ou bien, exprimé de la façon suivante par l'OMS, de 26,4 pour les hommes et de 7,2 pour les femmes[23]. Parmi les adolescents français qui ont réalisé une tentative de suicide, un quart (25 %) est homosexuel[24].
Selon l'InVS, le taux de mortalité par suicide est trois fois plus élevé chez les employés et les ouvriers que chez les cadres. Ce taux varie également selon les domaines d’activité. Les chiffres les plus élevés concernent le secteur de la santé et de l’action sociale (34,3/100 000) puis viennent ensuite les secteurs de l’administration publique (en dehors de la fonction publique d’État) (29,8/100 000), de la construction (27,3/100 000) et de l’immobilier (26,7/100 000).
Selon Le Figaro, le taux de suicide des agriculteurs s'élève à 32 pour 100 000, contre 28 pour 100 000 chez les ouvriers et 8 pour 100 000 pour les « professions intellectuelles supérieures ».
Parmi les pays de l'OCDE, les taux de suicide sont les plus forts au Japon et en France (de 15 à 20 pour 100 000) et les plus faibles en Italie, Grande-Bretagne et aux États-Unis[25].
Curieusement, la Suède garde en France la réputation d'un pays où l'on se suicide beaucoup, alors que la pratique y est 30 % inférieure à celle de la France[26].
Les taux de suicide sont en revanche encore supérieurs en Autriche et Hongrie[26].
En Suisse, le taux de suicide en 2008 est de 14,4 pour 100 000 habitants[27].
Le Japon est le pays où le taux de suicide est le plus élevé chez les adolescents. Mais la moyenne d'âge des suicidés y reste élevée en raison de la proportion élevée de personnes âgées parmi les suicidés.
En 2009, on a relevé 32 845 cas de suicide[28] selon la police japonaise, 32 000 en 2008, 33 100 cas en 2007). C'est la douzième année consécutive qu'il y a plus de 30 000 suicidés/an au Japon.
Le Japon a commencé en 2009 à publier des statistiques mensuelles (ex. : 2 650 cas en janvier 2009 ; à comparer aux 2 300 cas recensés par le ministère de la Santé, du Travail et du Bien-être pour janvier 2007[29]).
Le suicide a été utilisé dans l’histoire comme un acte politique d’opposition et de contestations. Nous ne traiterons pas de l’attentat-suicide.
Le suicide peut être un acte politique, proche du martyre. Dans le Japon médiéval, toute critique du Shogun s'accompagnait d'un seppuku de l'accusateur. À l'époque contemporaine, le suicide est utilisé pour protester de façon spectaculaire, notamment par autocrémation[30], contre une situation jugée insupportable :
Il fut des États où le suicide pouvait être condamné par la peine de mort. En France, le suicide n'est plus réprimé depuis le Code pénal de 1810 autrement que par, éventuellement, une hospitalisation d'office (H.O.) préfectorale[31].
L'euthanasie (mort douce) et l'aide au suicide (exécuter la décision d'un suicidant ou ne pas intervenir sur la situation dans laquelle il s'est mis s'il a clairement exprimé sa volonté) font aujourd'hui (2005) l'objet de débats et de polémiques dans la plupart des pays d'Europe ou d'Amérique du Nord.
En France, il est actuellement condamné comme homicide. La loi entérine la réprobation sociale dont le suicide est entaché : l'aide au suicide est prohibée pour « abstention volontaire de porter assistance à personne en péril » (article 223-6 du Code pénal, concept plus connu sous le nom de « non-assistance à personne en danger »)[32]. En 2007, l'affaire Vincent Humbert a souligné cette particularité du droit français.
La Cour européenne des droits de l'homme, dans son arrêt Pretty c. Royaume-Uni du 29 avril 2002, a déclaré à l'unanimité que le suicide n'entrait pour l'instant dans le champ d'aucun droit de l'homme, ni de l'article 2 de la Convention protégeant le droit à la vie :
« En conséquence, la Cour estime qu’il n’est pas possible de déduire de l’article 2 de la Convention un "droit à mourir", que ce soit de la main d’un tiers (ou par l'abstention de l'intervention de ce tiers), ou avec l’assistance d’une autorité publique. »
Il est autorisé dans des pays comme les Pays-Bas, la Belgique, l'Oregon (aux États-Unis). En Suisse, le code pénal la tolère puisque l'article 115[33] prévoit de punir l'assistance au suicide si elle est causée par des « motifs égoïstes ». Deux associations suisses, Exit et Dignitas ont été créées dans le but d'aider des malades en phase terminale à mettre fin à leurs jours ou d'empêcher des interventions médicales non souhaitées visant à les ranimer.
À la suite de la publication du livre Suicide, mode d'emploi, a été créé en 1987 le délit de « provocation au suicide » (art. 223-13 à 223-15-1 du Code pénal), ayant pour conséquence l'interdiction de publication de l'ouvrage.
En France, l'article L132-7 du Code des assurances dispose[34],[35] :
« Attendu qu'en énonçant qu'aucun élément ne permettait de penser que l'assuré n'avait pas eu la jouissance de sa raison au moment de son suicide, après avoir relevé, d'une part, que son corps avait été retrouvé dans sa voiture garée dans un lieu clos, moteur allumé et l'habitacle relié au pot d'échappement par un tuyau, et d'autre part, que la victime avait laissé à sa veuve une lettre dépourvue d'équivoque quant à ses intentions, c'est sans inverser la charge de la preuve que la cour d'appel a retenu l'existence d'un suicide volontaire et conscient soumis à l'article L. 132-7 du Code des assurances, dans sa rédaction antérieure à la loi n° 98-546 du 2 juillet 1998, qui n'est pas applicable à l'espèce dès lors que le sinistre lui est antérieur ; que le moyen est sans fondement. »
Dans l'Empire romain, il était d'usage qu'un proche de l'empereur désirant mettre fin à ses jours en demande au préalable l'autorisation à ce dernier. Illustration, par exemple, dans les Mémoires d'Hadrien (qui est une fiction solidement documentée de Marguerite Yourcenar).
Dans l'Antiquité, le suicide était commis après une défaite dans une bataille afin d'éviter la capture et les possibles tortures, mutilations ou la mise en esclavage par l'ennemi. Ainsi, au cours de la seconde guerre punique, la princesse carthaginoise Sophonisbe s'empoisonna pour ne pas tomber aux mains des Romains. Brutus et Cassius, les assassins de Jules César, se suicidèrent à la suite de la défaite de la bataille de Philippes. Cléopâtre VII, dernière reine d'Égypte, mit également fin à ses jours pour ne pas être emmenée prisonnière à Rome. Les Juifs de Massada offrent un autre exemple en se suicidant massivement en 74 av. J.-C. pour échapper à la mise en esclavage par les Romains.
Dans la société romaine, le suicide était un moyen accepté par lequel son honneur était préservé. Ceux qui étaient jugés pour des crimes capitaux, par exemple, pouvaient empêcher la confiscation des biens et propriétés familiaux en se suicidant avant la condamnation par le tribunal. Et alors ironiquement souligné que Domitien, l'empereur romain, montrait sa pitié et miséricorde de dieu sur l'amour en permettant à un homme condamné de se suicider.
À la fin du XVIIIe siècle, Goethe publie Les Souffrances du jeune Werther (Die Leiden des jungen Werther), une histoire romantique où le jeune Werther se suicide parce que son amour est inaccessible. Le roman connaît un réel succès et cause une vague de suicides en Allemagne. Le poète Alfred Alvarez publie une étude sur le suicide en littérature intitulée Le Dieu sauvage ; essai sur le suicide. Jean Améry publie un livre, en 1976, sur le suicide où il défend la thèse selon laquelle le suicide représente l'ultime liberté de l'humanité. Il se donne la mort deux ans plus tard.
À noter également le seppuku (communément appelé hara-kiri) des samouraïs qui, par honneur et respect du Bushido, se tuaient pour ne pas être faits prisonniers ou pour restituer l'honneur de leur famille ou de leur clan, suite à une faute.
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